• Des miroirs mythiques

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    Le thème « miroir » du casse-tête de la semaine de Lajemy m'a inspiré quelques réflexions (des interrogations  passagères plus précisément) sur le rôle des miroirs dans la mythologie.

     

    L'arme stratégique

    Quand Persée tua la Méduse, il se servit de son bouclier comme miroir.

    En fait, comme le regard de la Méduse paralysait, il s'agissait de ne pas la regarder en face, pour éviter d'être transformé en pierre. Persée aurait donc pu tendre un miroir à Méduse pour qu'elle soit pétrifiée par son propre regard. Mais il fut plus malin, il se servit du miroir pour se guider afin d'arracher la tête du monstre et il mit la tête dans un sac afin de pouvoir s'en servir plus tard contre des armées ennemies.

    Il n'est donc pas forcément bon de tuer son ennemi en se servant de ses propres armes contre lui-même (l'effet miroir), mais bien plutôt de le neutraliser après l'avoir approché de façon détournée (grâce aux miroirs), pour pouvoir ensuite se servir de ses capacités de nuisance.

     

    narcisseJWWaterhouse

    John William Waterhouse : Echo et Narcisse

     

    Le puits

    Si Narcisse tomba amoureux de lui-même en voyant son image reflétée dans l'eau, au point de ne plus entendre qu'Écho répéter ses propres mots, sans même se rendre compte qu'il les avait formulés, le miroir ici ne permet plus de se voir, d'avoir une image de soi, une connaissance de soi, mais au contraire, il enferme en lui-même celui qui se contemple et s'admire en le privant de la communication avec autrui. Narcisse ne sait plus qui il est, n'a plus accès à son propre intérieur figé par l'adoration de son image, il s'aime lui-même comme s'il était un autre, il est dépossédé de lui-même.

    C'est un avertissement contre la suffisance et contre l'illusion que procure une image.

    Pierre-Joseph Proudhon écrit dans ses Confessions  : « La Liberté, comme la Raison, n'existe et ne se manifeste que par le dédain incessant de ses propres œuvres ; elle périt dès qu'elle s'adore. C'est pourquoi l'ironie fut de tout temps le caractère du génie philosophique et libéral, le sceau de l'esprit humain, l'instrument irrésistible du progrès. Les peuples stationnaires sont tous des peuples graves : l'homme du peuple qui rit est mille fois plus près de la raison et de la liberté que l'anachorète qui prie ou le philosophe qui argumente. »

     

     

    L'interprétation des mythes par les analystes :

    Par Freud : Persée et la méduse de Guy Massat
    Par Freud et Lacan : Le regard médusé d'Eléonore Pardo 

     

     

    Illustration en tête d'article de Giovanni Caselli.

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 24 Avril 2011 à 18:11
    lizagrèce

    J'ai un peu honte d'avoir traité le sujet de la semaine comme à la cantine !!!

    2
    Dimanche 24 Avril 2011 à 18:15
    Dornac

    Ha non, j'adore tes oeufs sur le plat, au moins c'est drôle ! Et la dénomination est poétique.

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