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Esope, La Fontaine, Lucchini : Le chat et un vieux rat
NOUVEL AN, poil aux dents.
Χρόνια Πολλά
Καλή ΧρονιάDans la Lettre au Dauphin, La Fontaine donne un sens à la portée des fables et rend aussi hommage au père des fabulistes, le grec Esope qui a vécu au VIIe siècle avant J.C. et dont les récits repris par la plume de La Fontaine sont des bijoux de la langue française.
En voici un premier, suivi du texte d'Esope en grec ancien traduit en français.
Le chat et le vieux rat de Jean de La Fontaine dit par Fabrice Lucchini (précédé de la Lettre au Dauphin) :
Le chat et un vieux rat
J'ai lu chez un conteur de Fables,
Qu'un second Rodilard, l'Alexandre des Chats,
L'Attila, le fléau des Rats,
Rendait ces derniers misérables :
J'ai lu, dis-je, en certain Auteur,
Que ce Chat exterminateur,
Vrai Cerbère, était craint une lieue à la ronde :
Il voulait de Souris dépeupler tout le monde.
Les planches qu'on suspend sur un léger appui,
La mort aux Rats, les Souricières,
N'étaient que jeux au prix de lui.
Comme il voit que dans leurs tanières
Les Souris étaient prisonnières,
Qu'elles n'osaient sortir, qu'il avait beau chercher,
Le galant fait le mort, et du haut d'un plancher
Se pend la tête en bas : la bête scélérate
A de certains cordons se tenait par la patte.
Le peuple des Souris croit que c'est châtiment,
Qu'il a fait un larcin de rôt ou de fromage,
Egratigné quelqu'un, causé quelque dommage,
Enfin qu'on a pendu le mauvais garnement.
Toutes, dis-je, unanimement
Se promettent de rire à son enterrement,
Mettent le nez à l'air, montrent un peu la tête,
Puis rentrent dans leurs nids à rats,
Puis ressortant font quatre pas,
Puis enfin se mettent en quête.
Mais voici bien une autre fête :
Le pendu ressuscite ; et sur ses pieds tombant,
Attrape les plus paresseuses.
"Nous en savons plus d'un, dit-il en les gobant :
C'est tour de vieille guerre ; et vos cavernes creuses
Ne vous sauveront pas, je vous en avertis :
Vous viendrez toutes au logis. "
Il prophétisait vrai : notre maître Mitis
Pour la seconde fois les trompe et les affine,
Blanchit sa robe et s'enfarine,
Et de la sorte déguisé,
Se niche et se blottit dans une huche ouverte.
Ce fut à lui bien avisé :
La gent trotte-menu s'en vient chercher sa perte.
Un Rat, sans plus, s'abstient d'aller flairer autour :
C'était un vieux routier, il savait plus d'un tour ;
Même il avait perdu sa queue à la bataille.
"Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,
S'écria-t-il de loin au Général des Chats.
Je soupçonne dessous encor quelque machine.
Rien ne te sert d'être farine ;
Car, quand tu serais sac, je n'approcherais pas.
C'était bien dit à lui ; j'approuve sa prudence :
Il était expérimenté,
Et savait que la méfiance
Est mère de la sûreté.Jean de La Fontaine, Fable XVIII, Livre III. Illustration en tête d'article de Gustave Doré (source : BnF)
La fable d'Esope :
Αἴλουρος καὶ μύες.
Ἔν τινι οἰκίᾳ πολλοὶ μύες ἦσαν. Αἴλουρος δὲ τοῦτο γνοὺς ἦκεν ἐνταῦθα καὶ συλλαμβάνων ἕνα ἕκαστον κατήσθιεν. Οἱ δὲ μύες συνεχῶς ἀναλισκόμενοι κατὰ τῶν ὀπῶν ἔδυνον, καὶ ὁ αἴλουρος μηκέτι αὐτῶν ἐφικνεῖσθαι δυνάμενος, δεῖν ἔγνω δι' ἐπινοίας αὐτοὺς ἐκκαλεῖσθαι. Διόπερ ἀναβὰς ἐπί τινα πάσσαλον καὶ ἑαυτὸν ἐνθένδε ἀποκρεμάσας προσεποιεῖτο τὸν νεκρόν. Τῶν δὲ μυῶν τις παρακύψας, ὡς ἐθεάσατο αὐτὸν, εἶπεν· « Ἀλλ', ὦ οὗτος, σοί γε, κἂν θύλαψ γένῃ, οὐ προσελεύσομαι. »
Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι οἱ φρόνιμοι τῶν ἀνθρώπων, ὅταν τῆς ἐνίων μοχθηρίας πειραθῶσιν, οὐκέτι αὐτῶν ταῖς ὑποκρίσεσιν {οὗτοι} ἐξαπατῶνται.
Du chat et des rats
Une maison était infestée de rats. Un chat, l'ayant su, s'y rendit, et, les attrapant l'un après l'autre, il les mangeait. Or les rats, se voyant toujours pris, s'enfonçaient dans leurs trous. Ne pouvant plus les atteindre, le chat pensa qu'il fallait imaginer quelque ruse pour les en faire sortir. C'est pourquoi il grimpa à une cheville de bois et, s'y étant suspendu, il contrefit le mort. Mais un des rats sortant la tête pour regarder, l'aperçut et dit : « Hé! l'ami, quand tu serais sac, je ne t'approcherais pas. »
Cette fable montre que les hommes sensés, quand ils ont éprouvé la méchanceté de certaines gens, ne se laissent plus tromper à leurs grimaces.
Texte en grec ancien Traduction d'Emile Chambry, éd. Les Belles Lettres, 1927 (?) Et en grec moderne :
Ένα σπίτι ήταν γεμάτο ποντίκια. Το έμαθε αυτό ένας γάτος, έτρεξε εκεί και πιάνοντάς τα ένα-ένα, τα καταβρόχθιζε. Τα ποντίκια, που ολοένα λιγόστευαν, χώθηκαν σε τρύπες και ο γάτος, μη μπορώντας πια να τα πιάσει, σοφίστηκε ένα τέχνασμα για να τα κάνει να βγουν έξω. Ανέβηκε σ΄ έναν πάσσαλο και κρεμάστηκε από κει παριστάνοντας τον ψόφιο. Τότε, ένα ποντίκι που έσκασε μύτη και τον είδε, του είπε:
- Εσύ, ακόμα και φλοκάτη να γίνεις, εγώ πάλι δε σε πλησιάζω.
(internet, source inconnue)Liens / Links
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