• La tante de Chicago * Η θεία απ’το Σικάγο (cinéma grec, 1957)

    1. Giorga Vassiliadou

    L’année dernière, en me promenant sur Panepistimiou à Athènes (l’une des grandes artères de la ville) je me suis arrêtée pour glaner dans les bacs de quelque disquaire des dvd pas chers et légers à transporter.
    J’ai remarqué un visage de caractère qui apparaissait sur plusieurs jaquettes, avec un profil de Karaghiozis, celui d'une actrice grecque des années 50, Georgia Vassiliadou.
    J’ai découvert l’actrice dans
    La tante de Chicago (Η θεία απτο Σικάγο, 1957, d’Alekos Sakellarios).

     

    Synopsis

    Un père de famille impose à sa femme et ses quatre filles des règles de vie rigoureuses, en ne leur laissant pas le moyen de s’épanouir, les gardant pour lui à l’abri des regards masculins. Tous ses amis marient leurs filles et l’encouragent à faire de même. Réticent et secrètement honteux, ne sachant pas comment s’y prendre, il fait appel à sa sœur qui vit à Chicago. Pour répondre à sa demande, la voilà qui débarque du nouveau monde, dans celui, très traditionnel, de ce père de famille.
    Elle ne va pas seulement marier ses filles, elle va les libérer, bouleverser le quotidien de la famille et lui permettre une renaissance joyeuse.

     

    2.-Theia.png

     

    Le comique du film repose surtout sur le renversement de situation et le jeu des acteurs, le choc de deux personnalités totalement opposées interprétées par Georgia Vassiliadou et Orestis Makris, parfait dans ce rôle de père rigide et ridicule.
    L’actrice est naturelle, généreuse, elle incarne une femme solide, un peu farfelue, malicieuse, drôle et dominatrice. Son arrivée est une révolution radicale : l’austère père de famille va voir tout contrôle familial lui échapper en quelques jours, le tyran sera tout à coup dépouillé de son pouvoir, dépassé par la vitalité de sa sœur.

     

    3.

    La mère (Eleni Zafeiriou), La tante (Georgia Vasiliadou) et le père (Orestis Makris)

     

    Au premier abord, on pourrait croire, dans cette comédie légère, à une caricature du conflit entre tradition et modernité dans la société grecque.

     

    Video: greek sadako

     

    Mais les traditions sont bien gardées (celle du mariage), l’innovation (un subterfuge) vient de la manière de perpétuer cette tradition : les filles séduisent en jetant d'un balcon un vase aux pieds du premier homme plaisant dans la rue pour pouvoir mieux se confondre en excuse, attirer le regard sur elles. Elles semblent avoir le choix de leur mari, mais on est loin du féminisme de Stella (de Michalis Cacoyanis), une femme libre qui refuse le mariage. Ce film sorti deux ans plus tôt (1955) fut déconsidéré par la critique qui y voyait une apologie des prostituées.

     

    4-png

     

    Video : Eirini G

     

    Les années cinquante en Grèce (« les années de pierre »), sont marquées par la reconstruction d'après-guerre.
    La Grèce est bénéficiaire du plan Marshall et très dépendante de l'aide américaine. Le modèle capitaliste (et très anticommuniste) doit s'imposer au royaume de Grèce pour retrouver « la prospérité », slogan de la droite au pouvoir, celle du premier ministre Caramanlis. La liberté d'expression artistique et intellectuelle est alors réduite, la censure s'opère de manière économique par une taxe sur les productions cinématographiques grecques, alors que les productions étrangères en sont libérées. Le cinéma américain, envahissant, ne ravit cependant pas autant les provinciaux grecs obligés à lire les sous-titres.
    Cette comédie d'après-guerre (la comédie d'après-guerre constitue un genre à part entière dans le cinéma grec) pourrait apparaître comme une propagande pro-américaine : l'Amérique est le symbole de la modernité, la tante de Chicago, c'est l'oncle d'Amérique qui rapporte dans ses bagages l'aisance financière, l'image sereine d'une autorité "démocratique" et de la liberté des mœurs (les filles vont enfin danser le rock).

    Or, le cinéaste Alekos Sakellarios est, pendant cette période difficile pour le cinéma grec, l'un des seuls à avoir réussi dans le cinéma commercial. Son film le plus marquant (Les Allemands reviennent, 1948) est l'un des rares témoignages cinématographiques de la guerre civile en Grèce et dans lequel il ose, sous forme allégorique, faire une critique sur ce déchirement national, sans sombrer, comme il se devait à l'époque, dans un anticommunisme primaire très violent.
    Comédie de boulevard, à côté des films dramatiques influencés par le néoréalisme italien décrivant la misère sociale et morale de l'époque et qui ont connu un succès international, c'est une peinture des classes moyennes et de leurs préoccupations quotidiennes, sujet très prisé des grecs, hérité de l'esprit d'une revue satirique grecque des années 40, mais un film inconnu au niveau international.

     

     

    Une production Finos Film, 1957

    Georgia Vassiliadou : Calliopi Bardas
    Orestis Makris
    : Harilaos Bardas

    Jenny Karezi
    : Katina Barda
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    Eleni Zafeiriou : Efterpi Bardas
    Kelly Mavropoulou : Katina Barda

    Γεωργια Βασιλειαδου : Καλλιόπη Μπάρδα
    Ορεστης Μακρης : Χαρίλαος Μπάρδας
    Τζενη Καρεζη : Κατίνα Μπάρδα
    Ελένη Ζαφειρίου : Eυτέρπη Μπάρδα
    Γκελλυ Μαυροπουλου : Κατίνα Μπάρδα

    Liens

    Alekos Sakellarios

    La tante de Chicago

        

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 3 Novembre 2010 à 22:02
    lizagrèce

    Les années 50/60 ont vu naître paradoxalement une foulittude d petites comédies en noir et blanc, de qualité plus ou moins médiocre mais dans lesquelles le jeu des acteurs était souvent fabuleux.

    A présent, le cinéma n'est plus sous le coup de la censure, mais malheureusement nous sommes envahis par le cinéma américain et il n'y a toujours pas de doublage. Que des sous-titres plus ou moins  bien faits .

     

    2
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 09:46
    Grèce à l'Ouest

    C'est un film que j'ai découvert il y a déjà quelque temps sur greekmovies.com qui est une mine pour les comédies des années 50. Beaucoup aimé à tous égards ! Et les acteurs et actrices sont remarquables.

    3
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 20:31
    Dornac

    Une mine  ? Pourquoi ? Une mine de quoi ?
    Bon, si cétait une bombe... on aurait pensé à la stupéfaction que le film aurait crée...

    Moi aussi j'ai aimé le film grâce aux acteurs, parce que le propos ne m'intéressait pas (question de génération). Enfin... j'ai quand même essayé de lancer des pots de mon balcon moi aussi, mais depuis, on me fait un procès. Question de génération aussi, sans doute...

    4
    Jeudi 4 Novembre 2010 à 20:32
    Dornac

    Moi je connais un bègue doubleur, alors, peut-être vaut-il mieux qu'il n'y ait pas de doublage...

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    5
    Vendredi 5 Novembre 2010 à 00:32
    Natell

    C'est un de mes premiers films grecs que j'ai regardé, j'ai adoré.

    6
    Vendredi 5 Novembre 2010 à 15:08
    lizagrèce

    Pour parfaire l'échange de commentaires entre Grèce à  l'Ouest et toi je pense que le "coup du pot de fleurs" ça marche toujours, mais en faut le faire avec le dialogue en grec ... et si tu fais ça à Paris n'oublie  pas ton titre de séjour ou ton certificat de nationalité française.

    7
    Vendredi 5 Novembre 2010 à 17:29
    Dornac

    Vous l'avez vu en Grèce ?

    8
    Vendredi 5 Novembre 2010 à 17:35
    Dornac

    J'ai juste une carte d'identité. J'espère que ça suffira.

    P.S. Je ne pense pas que Grèce à L'ouest ait besoin d'un tel abordage ? Je n'ai pas bien compris. 

    9
    Vendredi 5 Novembre 2010 à 21:41
    lizagrèce

    J'ai  voulu dire que ma éponse était par rapport à celle que tu lui faisais (en 2e partie)

    10
    Vendredi 5 Novembre 2010 à 22:16
    Dornac

    D'accord (je suis trèèèès fatiguée aujourd'hui!). Je n'aurais jamais pensé que la "technique pot de fleurs" (ou peut-être, dans un quartier riche, 'la technique céramique ancienne' - avec émotions autour du gâchi causé par la perte d'un vase grec ancien) puisse encore faire son effet. J'habite au 9e étage, alors les conséquences sont plus...  ennuyeuses de cette hauteur. Du coup, ça rend beaucoup moins aimables les galants.

    11
    Samedi 6 Novembre 2010 à 00:31
    Natell

    avant de vivre en grece, j'y ait fait plusieurs séjours. C'est ma soeur qui me traduisait de temps en temps. Une fois que je comprendrai mieux le grec, je le regarderai de nouveau.

    12
    Samedi 6 Novembre 2010 à 09:04
    Dornac

    Le dvd que j'ai est sous-titré en anglais. Il semble qu'il soit facile à trouver.
    Bravo pour votre blog, les photos sont très belles.

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