Γράμμα απ' τη Μαρσίλια En t'écrivant j'ai déchiré page sur page,ami très cher. Ce port m'a donné le tournis,mais soi-en sûr : malgré tout ce remue-ménage,par la pensée nous demeurons toujours unis. Car j'ai pensé à vous le long du Boulevarddes Dames, accompagné de deux putes pompettes,alors que bruyamment passaient sur le trottoirdes gens venus des quatre coins de la planète ; Puis de nouveau dans la grouillante Canebière,puis rue Saint-Honoré, puis au Vieux-Port, la nuit,ainsi – pardonnez-moi – que dans la pétaudièredes caf'conc où la foule se presse à grand bruit. Là-bas, marins du nord, soutiers...
Proto taxidi etyche navlos ya to Noto dyskoles vardies, kakos ypnos kai malaria. Inai paraxena tis indias ta fanaria kai den ta vlépis, kathos lene me to proto. Per' ap' ti ghéfyra tou Adam, sti Notio Kina, chiliades paralavainès tsouvalia soghia. Ma outé stigmi den élismonisès ta logia pou sou pané mia koufia ora stin Athina. Sta nychia baini to katrami kai t'anavi chronia sta roucha ta psarolado myrizi, ki o logos tis mès sto myalo sou na sfyrizi « o bousoulas inai pou stréfi i to karavi ? » Noris batarise o kairos k'éki chalasi Skatzarisès, ma sé krata lypi mégali apopsé psofisane i dyo mou...
Fresque Fra Giovanni muet travaillait au pinceau. Tu étais sur la toile un bel ange en prière. Non loin, le serviteur, long comme un serpent d'eau, broyait la couleur sainte en son mortier de pierre. Où t'ont-ils relégué, orgue ? en quelle rotonde sans prêtre ni encens, lieu vide, inoccupé ? Loin du logis aimé, questionnant à la ronde, perdu, la nuit tombant, tu entres sans frapper. J'ai une toque, un pourpoint rouge, un long stylet, un chrysobulle en main, de l'or dans l'escarcelle. Sur le canal penchée, tu scrutes ses reflets, renvoies ton serviteur, puis éteins les chandelles. Que je suis laid....
À bord de l'«Aspasia» Tu voyageais poursuivie par ton destin pour une Suisse immaculée mais sinistre toujours sur le pont, étendue sur une chaise longue, livide pour une raison connue et trop affligeante. Toujours inquiets, les tiens t'entouraient, mais toi tu regardais au loin indifférente. À leurs propos tu riais amèrement, car tu sentais que vers le pays de la mort tu cheminais. Un soir où nous dépassions Stromboli tu dis en riant à quelqu'un, sur le ton de l'humour : « comme ressemble mon corps malade, qui se consume, à la cime du volcan en éruption ! » Puis je te vis à Marseille comme tu te...
Nikos Kavvadias (1910-1975) est un poète grec (enfant du Pirée comme le peintre Tsarouchis) qui a tardivement été reconnu. Il a écrit un seul roman, Le Quart, et a fait de la mer et du voyage le sujet de prédilection de ses écrits car il fut longtemps radiotélégraphiste sur les navires. Vous pourrez écouter les interprétations musicales qui ont été données à ce poème, celle du groupe de rap Social Waste et celle, plus traditionnelle de Mariza Koch, une chanteuse connue depuis les années 70 et qui a notamment travaillé avec Manos Loïzos. Marabout, un poème qui tangue comme sur la mer : Μαραμπού...
ΕΝΑ ΜΑΧΑΙΡΙ Απάνω μου έχω πάντοτε στη ζώνη μου σφιγμένο ένα μικρό αφρικανικόν ατσάλινο μαχαίρι -όπως αυτά που συνηθούν και παίζουν οι Αραπάδες- που από ένα γέρον έμπορο τ' αγόρασα στ' Αλγέρι. Θυμάμαι, ως τώρα να 'τανε, το γέρο παλαιοπώλη, όπου έμοιαζε με μιαν παλιάν ελαιογραφίαν του Γκόγια, ορθόν πλάι σε μακριά σπαθιά και σε στολές σχισμένες, να λέει με μια βραχνή φωνή τα παρακάτου λόγια : "Ετούτο το μαχαίρι, εδώ, που θέλεις ν' αγοράσεις με ιστορίες αλλόκοτες ο θρύλος το 'χει ζώσει, κι όλοι το ξέρουν, πως αυτοί που κάποια φορά το 'χαν, καθένας κάποιον άνθρωπο δικό του έχει σκοτώσει. Ο Δον Μπαζίλιο...
Armide (le rafiot du Captain Jimmy) Le rafiot du Captain Jimmy que vous prendrez aussi sans doute a du haschich au fond des soutes et ses feux à l’envers sont mis. Cela fait des mois qu’on dérive, et si le temps nous aide encor nous aurons tout fumé à bord avant qu’au Pérou l’on n’arrive. On approche à présent le seuil d’une mer aux algues bizarres. Un vieux soleil nous fixe, hilare, et parfois nous cligne de l’œil. Cale vidée. On se demande : mille tonnes en cavale – où ? Au Chili, là-bas, nous attendent pipes vides et gabelous. Oubliée l’Étoile du Nord. Ancres larguées dans la nature. Douze sirènes...
Marée Aldébaran cherche dans l'eau à Sumatra le vieux compas menteur qui du chemin s'écarte. On voyait galoper sur les lignes des cartes les chevaux de Chagall au cirque de Seurat. Boussole sénile – ataxie locomotrice. Et ton ancien sifflet, de ton souffle imprégné. Dans la timonerie tous trois vous attendiez l'étoile que devait délier la pythonisse. Australes, boréales, étoiles en ribote épousant des comètes rouges, l'air fringant. Sodomites soutiers, natifs de Mazagan, jouant la fille de Ramsès à la belote. Notre Sirène en bois que tous nous adorions a plongé, respirant d'une façon cocasse. Elle...
Houle Côte aplatie, soleil de feu, palmiers. Autour du mât l'oiseau fait des figures. Appels de deux bras noirs, pleins de griffures, par tous les maux tropicaux anémiés. Pavillon jaune, en signe d'avarie. Ancres d'arrière et puis d'avant à l'eau. Deux feux de nuit. Et mon Pisanello décoloré par les intempéries. Houle, tu vas nous culbuter bientôt. Ciment rouillé. Tout pourrit dans la flotte. Depuis longtemps, notre requin-pilote s'est assoupi à côté du bateau. Le perroquet haut perché nous dirige, qui de Colomb occupa le paddock. Depuis des mois je veux lever le loch, j'attends, j'attends la terre...