-
Her Job (Son travail), un film de Nikos Labôt * Η Δουλειά Της (2018)
Her job (Son travail) est un très bon film qui sort aujourd'hui 1er mai sur les écrans français. Une sortie politique pour la fête du travail.
La qualité du film tient au jeu des acteurs et à la mise en scène de ce scénario simple mais fort (de Nikos Labôt et Katerina Kleitsioti) pour la véracité des situations décrites (il est inspiré d'un fait réel) : suite aux mesures d'austérité contre la Grèce, une femme au foyer grecque découvre le monde du travail pour subvenir aux besoins de sa famille au moment où son mari perd son emploi. Les relations avec son mari changent dès l'instant qu'elle devient la source financière de la famille. Parallèlement, sa situation fragile est exploitée par son employeur qui lui fait faire des heures supplémentaires sans rémunération. Elle lutte seule sur tous les fronts.
Le personnage, Panayota, brillamment interprété par la très belle Marisha Triantafyllidou (Μαρίσσα Τριανταφυλλίδου) est particulièrement touchant : c'est une femme sans artifice parachutée dans l'univers aseptisé et impersonnel d'un centre commercial où elle fait le ménage. Son humilité et son courage touchent jusqu'à l'agacement car on voudrait qu'elle morde, comme sa collègue de travail qui se fait licencier et avec qui elle se lie d'amitié.
Panayota (Marisha Triantafyllidou) et Kostas (Dimitris Imellos)
La violence est toujours exercée par les autres personnages, le plus souvent des hommes. Le personnage de Kostas, le mari, interprété par Dimitris Imellos (Δημήτρης Ήμελλος), est aussi saisissant que crédible. Il se trouve en porte à faux – à cause de son vécu de la masculinité – et devient violent, pris dans ses contradictions machistes. Il n'est pas une seule seconde un soutien pour sa femme mais bien le contraire, en participant à ce « harcèlement de la mamelle » - comme l'employeur ou les enfants - toujours insatisfait, exigeant et sans générosité. L'employeur, de son côté, est « naturellement » et sereinement violent, comme, croit-on, doit l'être celui qui dirige les autres.
Mais les choses se résolvent sans agressivité de la part de Panayota, dont on suit, avec un certain suspens, les doux combats. Elle ne sera finalement pas la seule à changer totalement sa manière de vivre et de penser, son implication touchera positivement les autres membres de sa famille, chacun retrouvera une place, différente.
Panayota avec ses enfants Même si ce film décrit « l'horreur économique », les conséquences sur les personnes qui en sont victimes, il montre aussi la capacité d'adaptation de chacun et la grande capacité au bonheur de certains. Il résume très bien, à un niveau individuel, toutes les péripéties de l'émancipation des femmes.
Marisha Triantafyllidou et Maria Filini
Par ailleurs, l'humour se glisse dans certains dialogues et certaines situations. Quelques scènes peuvent même rappeler les gags de Jacques Tati (Mon oncle ou Playtime) sous forme d'un comique discret qui se mélange à l'angoisse de la protagoniste dont la bonne volonté provoque l'empathie.
C'est également très bien filmé : on a droit à de belles images inattendues comme celle de Panayota sillonnant un tapis rouge vers le haut de l'écran avec son aspirateur (directeur photo : Dionysis Efthymiopoulos -Διονύσης Ευθυμιόπουλος).Ce film a été présenté dans plusieurs festivals (dont le festival international du film de Toronto au Canada – section «Discovery», le festival du film de long métrage de Thessalonique, le festival des Arcs en France).
Marissa Triandafyllidou a reçu un prix d'interprétation de l'Académie cinématographique grecque pour la meilleure actrice dans un premier rôle.Le film passe dans les salles parisiennes suivantes : Espace Saint-Michel (5e), MK2 Beaubourg (4e), Sept Parnassiens (14e), Ciné 104 (Pantin, à partir du 2 mai), Georges Méliès (Montreuil). Séances ici.
À Lyon : Cinéma ComœdiaBande-annonce :
Vidéo : Jour2Fete Distribution
Une interview du réalisateur Nikos Labôt et de Marissa Triantafyllidou à l'occasion de la présentation du film au Festival des Arcs :
Vidéo : Les Arcs Film Festival
N.B : Si les femmes en Grèce sont payées 15 % de moins (en moyenne) que les hommes pour un poste égal ou supérieur, en France elles sont payées 24% de moins que les hommes et 9% de moins pour un même poste et mêmes qualifications.
Production : Homemade Films, Sister Productions
Co-production : Sense Production, EPT ΑΕ, CNCLe film dure 1h30.
Liens/ Links
Page du TIFF (Toronto International Film Festival)
Une critique de Vassili Economou traduite en français sur cineuropa (avant-première au Festival de Toronto en septembre 2018)
Vassili Economou (traduit sur cineuropa) : le tournage de Her Job
Une interview du réalisateur par Profession spectacle
Hollywood reporter (Jordan Mintzer)
Now (Michelle Da Silva)
Citoyens de Grenoble contre l'austérité en Grèce
Critique grecque Flix.gr
Filmographie des acteurs : Marissa Triantafyllidou, Dimitris Imellos (en grec)
De gauche à droite : Marisha Triantafyllidou (actrice), Nikos Labôt (réalisateur),
Dounia Sichov (production, édition), Maria Drandaki (productrice), Julie Paratian (productrice)Nikos Labôt (biographie en anglais)
Nikos Labôt (Labôt est la contraction de Haralabopoulos, Χαραλαμπόπουλος) sur Vimeo
Les rubriques de ce blog visibles sur ordinateur ne le sont pas sur le téléphone mobile, les voici donc retranscrites ici:
Explorer
Auteurs grecs * Authors
Auteurs grecs * Authors
Musique *** +150 articles
Art
Promenades
- Acropoles, forteresses et monastères
- Sites mythiques, sites mystiques
- La mer * Η Θάλασσα
- Vertiges en montagne * το βουνό
- Les lacs
- Villes et villages
- Grande Grèce
Rechercher sur ce blog :
Click for search on this bloget plus ...
- Tragonews
- Fenêtre sur l'Histoire
- Les guérisseurs
- Un peu de... dans ce monde de brutes
- How Greece caught me
Recevoir une ALERTE de publication :
NewsletterContact :
Message, cliquez ce lien / Leave a private message here on this link« Metsovo, adossée à la montagne * Μέτσοβο, πίσω στο βουνόMichalis Economou, un impressionniste grec de l'Entre-deux-guerres »
Tags : cinéma grec, greek movies, Her job, Η Δουλειά Της, Nikos Labôt, Μαρίσσα Τριανταφυλλίδου, Δημήτρης Ήμελλος, Toronto international festival, austérité
-
Commentaires
2O MelissokomosMardi 14 Mai 2019 à 12:543pinaillage...Vendredi 14 Juin 2019 à 22:57Ce film est effectivement très intéressant.
Je me demande s'il est exact que ses heures supplémentaires ne lui sont pas payées. Rien ne le précise au cours du film. Panayota est simplement toujours d'accord pour en faire, et ça arrange bien son employeur...
Elle est en quelque sorte conditionnée par ses habitudes domestiques à répondre à la demande sans rechigner. Le repas, le café, un verre d'eau, repasser le pantalon de sa fille, elle ne proteste jamais quand des demandes inopinées arrivent. Son complexe d'infériorité la pousse à être docile pour se faire accepter.
J'ai trouvé très émouvante la scène de l'anniversaire.
Sur fond de Dalgas
-
Dimanche 16 Juin 2019 à 10:50
Soit. Je pense que c'est justement à cause de «ses habitudes domestiques à répondre à la demande sans rechigner» que je l'ai interprété ainsi : des heures supplémentaires comme un don (dans l'espoir d'une reconnaissance morale) et non comme un service payé.
Merci pour votre remarque.
Pour Dalgas, j'ai oublié de rappeler que j'avais fait une page sur cette chanson il y a déjà deux ans...
-
Ajouter un commentaire
Merci Fanny. À toi aussi.