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Kavala * Καβάλα
Kavala est une belle ville du Nord-Est de la Grèce, en Macédoine, avec quelque armateur richissime qui entretient l'équipe de foot bien connue ici : les Français viennent fouler de leurs crampons un sol chargé d'histoire (la ville existe depuis au moins le VIIe siècle avant J-C.) comme on le foulerait à Monac' (ville moche de riches à l'architecture vulgaire comme un gâteau de mariage). Kavala c'est pas Monac' ! Mais quand on n'aime que le foot et le fric on ne fait pas la différence. De toutes façons, il paraît que la Grèce est à vendre : merci, les pauvres ! Heureusement que vous êtes là ! Il n'y a que vous qu'on peut voler à loisir sans inquiétude!
Philippe de Macédoine y a laissé sa Thrace au IVe siècle avant J-C et l'on peut visiter le site archéologique de la ville antique de Philippes à proximité de Kavala. Ville au positionnement stratégique, entre Thessalonique et Constantinople, elle fut conquise par les Lombards, les Francs, les Byzantins, les Ottomans, les Vénitiens, les Bulgares... Elle accueillit enfin les Grecs chassés de Turquie en 1922.
L'aqueduc de Kamarès, édifié en 1530 par Soliman le Magnifique,
et sous lequel je suis passée en vélo-moteur accrochée à Stéphanos,
un ado de Kavala avec qui j'ai vu le concert de Haris Alexiou
dont on est sorti tous deux médusés (gare aux gorgones !).Tα νταούλια Κρουν Βρε Στέργιο (Νικήσιανη Καβάλας )
Ta daoulia KrounLa tradition de la culture du tabac est ancienne dans la région.
Kavala est la ville natale du vice-roi d'Égypte Mehmet Ali (1769-1849) qui lui-même était fils d'un marchand de tabac.
Dans certaines rues, Kavala en exhale des odeurs si fortes qu'on se croirait dans un champ. Les feuilles sont-elles traitées là, à la main, dans cette rue qui monte un peu dans la ville moderne, cette rue banale dont on ne perçoit les couleurs qu'à travers les odeurs ?Je suis entrée dans le musée du tabac. J'avais le sentiment tout à coup d'être une touriste d'exception : l'hôtesse s'est levée pour allumer une à une les lumières. Heureusement, ce n'était pas des lampes à huile. Mais l'ambiance du musée se prêtait bien à ce type d'éclairage, c'était tout comme.
Un peu plus loin, des femmes préparaient des coffrets d'objets à base de feuilles de tabac pour être exposés dans différents organismes. Les vieilles machines artisanales attendaient patiemment les toiles d'araignées pour compagnie, mais elles étaient injustement et inexorablement nettoyées tous les jours pour d'invisibles visiteurs.
La ville pittoresque
C'est celle qui s'étire sur l'acropole jusqu'à la citadelle : le quartier de Panaghia.
On y trouve les traces de l'occupation ottomane dans les maisons à encorbellement, le minaret...Le quartier est tranquille et au sommet se trouve la citadelle.
L'imaret
À l'origine l'Imaret, fondé par Mehmet Ali était un hospice accueillant les indigents (autour de 400 personnes). C'est aujourd'hui un hôtel de luxe.
L'imaret
Pour des raisons que j'ai oubliées, je n'ai pas pu visiter l'imaret.
Alors, j'ai raté ça : et ça :
Photos internet La maison de Mehmet Ali :
On peut entrer dans le musée mais la visite est très courte et très chère. En revanche,
il est agréable d'y prendre un verre.Promenade jusqu'à la citadelle
Les rues grimpent par les escaliers ou en s'entortillant sur la pente.
On croise souvent des chats. Les chats sont en bande à Kavala, libres, ils sont cependant assez peureux.
Le suivant, vous le connaissez déjà si vous avez lu d'autres articles de ce blog, puisqu'une autre photo de lui figure dans mon article sur les chats grecs. C'est déjà une star. Remarquez le mimétisme avec le décor environnant (couleurs).
Celui ci-dessous appartient à une famille de Kavala qui était voisine de ma tente au camping. La petite clochette me signalait sa présence, et si la clochette était coincée, en revanche, les griffes du minou étaient déjà assez effilées pour qu'un petit bruit déchirant m'informât de l'avancée du travail de dentelle de l'animal sur ma tente. Merci minou.
Μιλάάάω : Δεν έκανα τίποτα ! J'ai rien fait !
Vassilis Papaconstantinou : Ο Μαύρος Γάτος - O Mavros Gatos (Le chat noir)
Port de plaisance
La ville vue de la citadelle
Une fois le port laissé derrière soi, aux portes des rochers, la mer s'ouvre et ouvre l'esprit vers un autre monde.
Eglise de la Vierge Marie
Les mouettes parfois jouent les coquettes
et se laissent volontiers photographier.Bien sûr, tous les footballers ne sont pas des brutes! Bien sûr, les transferts ne sont pas forcément la panacée, même au soleil à Kavala.
J'avais rencontré au supermarché -celui qui est juste après la rue d'où émanent de fortes odeurs de feuilles de tabac- une jeune et belle femme sénégalaise qui s'est approchée de moi comme s'il fallait que je la sauve d'un péril :- « Exkiouze mi, dou you spik iinegliche ? À son accent français j'ai répondu « oui ».
« Ah ! Vous parlez français ! » (J'étais le Messie).
… Je n'arrive pas à trouver des dvd sous-titrés en anglais ! Vous croyez qu'il y en a là ? » Elle me tendait le dvd. Elle ne lisait pas le grec, je lui indiquai qu'il n'y avait pas d'hypotitoli, c'est-à-dire pas de sous-titres. Elle était déçue. Elle avait du mal à s'adapter. Pas son fils.
Elle me demanda pourquoi je parlais grec, me dit que son fils de 4 ans commençait déjà à le parler et à bien se plaire dans son école à Kavala, alors qu'elle-même ne comprenait pas et trouvait tout cela difficile. Elle s'était installée pour suivre son mari qui était transféré dans l'équipe de foot de Kavala. Elle craignait l'accueil des grecs et sentait que le fait d'être des voisins noirs ne leur était pas habituel. Je l'ai retrouvée quelques temps plus tard à la poste, elle s'est exclamée « ah ! », illuminée en me voyant. La solitude commençait à lui peser, sans doute.Jules Dassin a tourné certaines scènes de son film Topkapi (1964) à Kavala :
Toutes les photos sont les miennes (sauf "internet").
Liens / Links
Kavala (wikipedia)
Une visite sur le site d'IliosKavala sur ce blog (dans la 2e partie de cet article)
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Commentaires
Je ne suis jamais allée à Kavala et je ne savais pas que c'était la ville du foot !!!
"Comme quoi on ne voit jamais la poutre qu'on a dans son oeil mais suelement la paille du voisin ! "
... avec des relans stambouliotes, je trouve. Mais il se peut que ce soit dû au fait qu'Istanbul fasse assez grec, aussi !
J'avoue être confuse : dans ton histoire de paille, je n'arrive pas à séparer le grain de l'ivraie.
très documenté, et beau, comme d'ab.
une scène du film topkapi se passe à Kavala, avec un Peter Ustinov impayable.
Bises.
Merci. Ouii... j'adore cette scène (et j'adore ce film) ! J'en ai parlé dans cet article. Et le lien direct sur youtube est ici (par peur de la redondance, je ne l'ai pas cité de nouveau).
Bises.Tu pensais à Merkel ? Tu crois qu'il faut lui faire prendre un bain ? Mais si elle se casse, qui va la remplacer ? Cohn Bendit ?
l y a quelques années j'aurais dit : chouette ! maintenant je le trouve "empâté" "Dany le rouge" ...
J'y suis allée, il y a vingt ans. L'imaret était un petit resto, joli mais pas chic
A l'époque cela semblait moins oriental que Ioannina. Tu as pris le bateau de Thassos ?
Non, je n'ai pas pris le bateau. J'y suis allée en bus, depuis Thessalonique, si je me souviens bien. Ensuite, j'ai été en Bulgarie. C'est juste à côté, et tout change d'un coup, on passe dans un autre monde totalement différent. C'est très surprenant !
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Quel beau billet, sur cette ville dont je garde un très bon souvenir. Même en plein hiver, Kavala est un écrin de senteurs et son vieux quartier c'est déjà tout l'orient.