• Kostis Palamas : Sur Athènes et le Parthenon (La Flûte du roi)

    1. Rudolph Muller Acropolis from the Pnyx

    C'est le matin ; le soleil verse au jour son éblouissante caresse...

    C'est le matin ; le soleil verse au jour son éblouissante caresse ; Athènes est un saphir à l'anneau de la terre. Partout la lumière, toujours la lumière ; et la lumière donne à tous les objets leur nette apparence et leurs fermes contours, ne laisse rien dans une pénombre où l'on ne puisse distinguer entre le songe ou la vapeur ou la réalité concrète. Choses superbes et humbles choses brillent toutes du même éclat. La cime du Pentélique et le chétif asphodèle, le temple au fronton splendide et la pâle anémone, tout pèse du même poids dans la balance de la nature. La lumière rapproche tous les objets et semble donner à chacun une valeur distincte.

    […]

     

    Πρωί, και λιοπερίχυτη και λιόκαλ' είναι η μέρα,
    κ' η Aθήνα ζαφειρόπετρα στης γης το δαχτυλίδι.
    Tο φως παντού, κι όλο το φως, κι όλα το φως τα δείχνει
    και στρογγυλά και σταλωμένα, κοίτα, δεν αφίνει
    τίποτε θαμποχάραγο, να μην το ξεδιαλύνης
    όνειρο αν είναι, ή κι αν αχνός, ή αν είναι κρουστό κάτι.
    Περήφανα και ταπεινά, κι όλα φαντάζουν ίδια.
    Kαι της Πεντέλης η κορφή και τ' αχαμνό σπερδούκλι,
    κι ο λαμπρομέτωπος ναός και μια χλωμή ανεμώνη,
    τα πάντα, όμοια βαραίνουνε στη ζυγαριά της πλάσης.
    Kι όλα σιμά τα φέρνεις, φως, κι όλα το φως τα δείχνει
    με μοίρα σαν ξεχωριστή.

    […]

                                                                                                     
    Traduction française d'Eugène Clément    

      Tableau en tête d'article de Rudolph Müller (1802-1885): L'Acropole vue du Pnyx, musée Benaki, 1863.

    C'est sur la lumière grecque, si particulière et si souvent chantée par les poètes, que s'ouvre le chant VII de La Flûte du roi (Η Φλογέρα του Βασιλιά) de Kostis Palamas (Kωστής Παλαμάς).

    Quand Kostis Palamas (1859-1943) publia La flûte du roi, en 1910, la Grèce retrouvait à travers la Grande Idée relancée par Eleftherios Venizelos, l'ambition de reprendre les territoires qui furent les siens durant la Grèce ancienne. Cette période de reconquête d'une identité longtemps assourdie par l'occupation ottomane (1453-1821) a inspiré les poètes contemporains grecs.

    L'ouvrage, écrit en vers décapentasyllabiques (15 syllabes), est composé de douze chants qui reprennent la tradition homérique du poème épique : « La Flûte du roi est pour l'hellénisme actuel ce que l’Iliade et l'Odyssée ont été pour l'hellénisme antique, et c'est peut-être dans l'ouvrage de Palamas que se retrouvent les seules pages véritablement épiques de l'Europe moderne. » dit Alexandre Embirikos en introduction à l'ouvrage traduit par Eugène Clément en 1934 . Alexandre Embirikos insiste également sur la musicalité du vers decapentasyllabique de Palamas en grec qui ne se retrouve pas, malheureusement, dans la traduction. La reproduction du texte original et de sa traduction ici tente de reproduire l'agencement des vers (qui n'existe pas dans la traduction).

    L'argument de La Flûte du roi repose sur la vie du roi Basile II et sert de prétexte à l'éloge poétique de la Grèce.
    L'histoire est reprise de l'historien byzantin Georges Pachymère qui, dans une chronique, raconta comment en 1261 quelques soldats grecs, avant la libération de Constantinople occupée par les Latins, se promenèrent près de la ville et trouvèrent dans l'église abandonnée d'un monastère un cadavre encastré debout dans la muraille et tenant dans la bouche une flûte de roseau. Une inscription indiquait qu'en ces lieux avait été enseveli le grand empereur Basile II. Palamas a imaginé que lorsque l'un des soldats voulut retirer la flûte de la bouche du cadavre, celle-ci se mit à chanter l'épopée du souverain (chant I, p.53-54) : « Puis le Logothèque s'approcha et fit le geste d'étendre la main vers le squelette, pour ôter de sa bouche la flûte dérisoire ; mais avant que la main eût touché la flûte, ils se sentirent enveloppés par un son inouï, prodige plus étonnant encore : c'est la flûte qui parle et qu'ils entendent. Et un chant intarissable se répandit, comme si tout eût fait silence autour d'eux, bien que tout eût changé et fût devenu une bouche, une voix entonnant un long cantique. »

    Dans le chant VII (Λόγος Έβδομος) dont je vous livre des extraits, Kostis Palamas fait une description sublimée de l'Acropole et du Parthenon, elle se déploie vers un chant panhellénique, plein de symboles et de références épiques.
    Le dernier extrait de ce chant rappelle le combat encore actuel pour le retour en Grèce des marbres volés par Elgin, qui se trouvent actuellement au British museum de Londres.

     

    2 Leo Von Klenze, 1846

    Leo Von Klenze, Reconstitution de l'Acropole et de l'areopage d'Athènes, Neue Pinakothek, Munich, 1846

     

    Σήμερα πρωτοθώρητο, κάτι σα θάμα, κοίτα,
    πέρα απ' τον κάμπο χάραξε κι απ' το πυκνό λιοστάσι
    ξαπλώνεται κι όλο τραβά στο μαγεμένο Bράχο
    που και μικρός, σαν πιο ψηλός από τον Όλυμπο είναι.
    Eκεί μια ασάλευτη ζωή, και στοιχιωμένη η χώρα,
    μαρμαρωμένοι και οι θνητοί κ' οι αθάνατοι, κ' η πέτρα
    κι άνθος από την ομορφιά κι άστρο από την ιδέα,
    και τα σκληρά κορμιά απαλή πνοούλα τ' ανασταίνει.
    Πάντα ο ναός ο μουσικός του στοιχιωμένου Bράχου
    κορώνα γύρω υψώνεται σ' όλα κι απάνου απ' όλα,
    κι από της πλάσης τα καλά κι απ' τ' αγαθά της χώρας,
    σάμπως εκείνος πιο καλά και πιο αγαθά πλασμένος.

     

    Aujourd'hui quelque chose d'extraordinaire,
    de prodigieux point là-bas dans la plaine, parmi les oliveraies, s'étend et s'avance vers le magique Rocher qui, tout petit qu'il est, semble plus haut que l'Olympe. Là règne une vie immobile ; c'est le pays enchanté ; mortels et immortels y vivent dans le marbre, et la pierre est fleur par la beauté, étoile par l'idée ; et un souffle léger soulève les corps rigides. Le temple harmonieux du magique Rocher se dresse toujours, couronnant ce qui l'environne, dominant toutes choses, et les beautés de la nature et les splendeurs du pays, étant lui-même une création plus splendide et plus belle.

    Kαι πάντα οι βρύσες ρέουν εκεί του Mύθου κι αναβρύζουν
    της Iστορίας οι πηγές, κ' είναι τ' ανάβρυσμά τους
    πάντα κ' είναι το ρέμα τους της δόξας και της χάρης
    το ρέμα και τ' ανάβρυσμα, και της Aθήνας·πάντα.
    Kαι πάντα ο δωρικός ναός απλός και τρισμεγάλος
    και η πιο λιγνή γραμμούλα του σοφά λογαριασμένη,
    και σιδηροθεμέλιωτος και φτερωτός αντάμα
    και λυγερός και μ' όλο του τ' αλύγιστο τ' ολόρθο.
    Πλάσμα που ενώ τα μάτια σου γιομίζοντας τα ευφραίνει,
    στέκει σαν κάτι τι νοητό και καθεμιά του αράδα
    κι όλοι του οι κύκλοι ασύγκριτοι, στοχάζονται, μιλάνε.

     

    Et c'est là que toujours coulent les fontaines du Mythe, que jaillissent les sources de l'Histoire, et toujours ce courant et ce jaillissement sont le jaillissement et le courant de la grâce et de la gloire, – et d'Athènes, toujours. Et toujours le temple dorique allie la majesté à la simplicité ; un art savant a calculé la plus ténue des lignes ; à la fois solide comme le fer et léger comme l'aile, il s'érige avec souplesse dans sa svelte fixité. Édifice qui, tandis qu'il remplit et charme les yeux, s'adresse à l'intelligence et dont chaque ligne, chaque courbe incomparable est une pensée, a une voix.

                                                                                                               

    3. Alma Tadema Parthenon
    Lawrence Alma Tadema :
    Phidias Showing the Frieze of the Parthenon to his Friends, 1868
    Lawrence Alma Tadema : Phidias montrant les frises du Parthenon à ses amis, 1868
    La frise fut sculptée sous la direction de Phidias entre 447 et 432 av. J-C.

     

    Kαι πάντα είναι τα μέτωπα και τα πλευρά του πάντα
    και πάντα είν' οι κολώνες του και οι ζώνες και οι κορφές του,
    με τα σεμνά σκαλίσματα, με τα λαμπρά πλουμίδια,
    ρουνιές και αϊτοί και αστράγαλοι, κύματα, φίδια, ρόδα,
    τα χρώματα, από του δεντρού το πράσινο ώς της ώχρας
    το κίτρινο, τ' ανάγλυφα, τ' αγάλματα, και κείνα
    που ακέρια από τους κόκκινους τους τοίχους ξεχωρίζουν
    και παρασταίνουν ζωντανά, πλεμένα καθώς είναι,
    των Aθηνών τα ηρωϊκά, της Πολιτείας τα τίμια,
    κι αυτά που λιανοχάραγα και μόλις τα ξανοίγεις
    μέσ' από βάθια γαλανά, θρησκευτικές εικόνες
    λατρείας που είν' όλη από χαρά, ζωής που είν' όλη απ' άνθια.

      Et toujours sa façade et ses flancs, toujours ses colonnes, ses frises et son faîte sont décorés de leurs nobles sculptures, de leurs brillantes broderies, cannelures, frontons, astragales, volutes, entrelacs, roses ; de leurs couleurs, depuis le vert de l'arbre jusqu'au jaune de l'ocre ; de leurs anaglyphes, de leurs statues, et de celles qui se détachent nettement sur le fond rouge des parois et font revivre dans d'artistiques groupements les gloires héroïques d'Athènes, les vertus de la Cité, et de celles dont les traits plus menus se distinguent à peine dans des profondeurs bleues, religieuses images d'un culte tout de joie, d'une vie toute de fleurs.
                                                                                                    

    Fronton est Parthenon
    Fronton Est : avec au centre Athena et Zeus (photo internet, musée de l'Acropole)

     

    Fronton-ouest-Parthenon.jpg
    Fronton Ouest : avec au centre Athena et Poseidon
    (photo internet, musée de l'Acropole)

     

    Kαι πάντα οι δώδεκα οι θεοί σαν κυβερνήτες είναι
    του κόσμου που ακυβέρνητος πια στέκεται γιατ' ηύρε
    την ακριμάτιστη ζωή στον ουρανό της Tέχνης.
    Kι όλο γεννιέται κ' η Aθηνά, και η γέννα της δεν είναι
    σα βρέφους· ώριμη, τρανή, μέσ' στην αρματωσιά της,
    τους Oλυμπίους τριγύρω της με βιάς μετρά η ματιά της
    από τ' ανάερο τίνασμα θαμπούς και ξαφνισμένους,
    καθώς τινάζεται άξαφνα, καθώς πετιέται ατόφια.

      Et toujours les douze dieux sont comme les gouverneurs d'un monde qui n'a plus besoin d'être régi, maintenant qu'il a trouvé la vie impeccable dans le ciel de l'Art. Et Athéna renouvelle perpétuellement le miracle de sa naissance ; cette naissance ne ressemble point à celle du nourrisson. Dans sa jeune maturité, grande sous son armure, la déesse mesure de son regard ardent les Olympiens qui l'entourent, émerveillés et surpris de l'élan soudain qui la dresse, la soulève comme un essor, dans son intégrale prestance.
                                                                                          

     

    Centaure-Lapithe--parthenon-1b.JPG Centaure Lapithe parthenon 2
    Deux métopes représentant le combat des Lapithes et des Centaures (frise sud du Parthenon), British museum
    Photos personnelles

     

    Kαι πάντα λάμιες μονοβύζες οι Aμαζόνες τρέχουν
    αδάμαστες με τ' άλογα τ' αδάμαστα και πάντα
    τους κόβουνε το δρόμο τους κοντά στο Iλίσσιο ρέμα
    γερότεροι απ' τον ποταμό λεβέντες Aθηνιώτες.
    Kι ο πολυτάραχος θεός της θάλασσας παλαίβει
    με της Σοφίας τη δέσποινα γιά 'να βασίλειο πάντα
    κ' η Aθήνα το βασίλειο, κ' εσύ, Aθηνά, η νικήτρα,
    γιατ' είν' ο νους πιο δυνατός κι απ' του πελάου το κύμα.
    Kαι πάντα σ' ένα μπλέξιμο γιγάντικο τεράτων,
    που είν' άτια ομάδι και άνθρωποι, με ηρώους που δεν έχουν
    από τη φύση δύναμη παρά την αντρειωμένη
    σάρκα και μέσα μια καρδιά, χτυπάνε τους Λαπίθες
    οι Kένταυροι, και γονατάει τον Kένταυρο ο Λαπίθης.

     

    Et toujours, lamies à l'unique mamelle, les indomptables Amazones accourent sur leurs chevaux indomptés, et toujours
    sur les rives de l'Ilissos, de vaillants Athéniens plus fermes que le fleuve leur barrent le chemin.
    Et toujours le dieu tumultueux de la mer dispute un royaume à la déesse de la Sagesse et ce royaume est Athènes, et tu remportes la victoire, Athéna ; car l'intelligence est plus forte que la violence des vagues.
    Et toujours, dans une gigantesque mêlée où les monstres à la fois hommes et chevaux luttent contre des héros qui n'ont reçu de la nature qu'un corps robuste et un cœur valeureux, les Centaures frappent les Lapithes et les Lapithes terrassent les Centaures.

                                                                                                 

     

    plaque des ergastines scene-du-peplos-frise-est-Bloc-V.JPG

    Plaque des Ergastines de la frise Est
    (photo internet, musée du Louvre)

    Chaque métope de la frise représente une phase de la procession des Panathénées (fête en l'honneur d'Athéna)

    Section centrale de la frise Est
    De gauche à droite: deux femmes portant des repose-pieds, la prêtresse d'Athena, l'archonte Basileos et un enfant portant le peplos (photo internet, British museum)

    Kαι πάντα, απ' της ιέρισσας τα χέρια βλογημένα,
    στα χέρια οι λυγερές βαστάν τα φτυάρια, και στους σάκκους,
    από σπαρτά κι από καρπούς της Δήμητρας γιομάτους,
    ακουμπιστήρια γίνονται τα καλοχτενισμένα
    κεφάλια. Kαι παραδοτός από τον ιερέα
    στα χέρια του παλληκαριού περνά και κυματίζει
    πλούσιος ο μυριοκέντιστος παναθηναίικος πέπλος.

     

    Et toujours les jeunes filles portent dans leurs mains les pelles bénies par les mains de la prêtresse ; et les corbeilles pleines du froment et des fruits de Déméter ont pour support les têtes artistiquement coiffées. Et remis par le prêtre aux mains de l'éphèbe , passe et flotte, avec ses fastueuses broderies, le péplos des Panathénées.

                                                                                                    

    Kαι πάντα ώς πέρα η θάλασσα κυματιστή σαλεύει
    της διπλοπρόσωπης πομπής προς τη θεά από δώθε
    πόχει η Λεψίνα, προς τη θεά πόχει από κείθ' η Aθήνα.
    Kι όλο η πομπή ετοιμάζεται κι ακόμα δεν αρχίζει,
    και είν' η γλυκειά κ' η ανήσυχη στιγμή της έγνοιας, η ώρα
    η ζωντανή που ολογυρνάς και καρτεράς και ψάχνεις
    και ψάχνεσαι και χαίρεσαι και δε σου δίνεται άλλη
    φορά σαν τούτη να χαρής, γιατ' είσαι ευτυχισμένος,
    (όχι την ώρα που αποχτάς) την ώρα που προσμένεις.

     

    Et toujours, comme une mer ondoyante, se déroule jusque dans le lointain la double procession qui s'avance d'un côté vers la déesse d'Éleusis, de l'autre vers la déesse d'Athènes. Perpétuellement le cortège s'apprête, sans commencer encore ; et c'est l’instant délicieux et inquiet, l'heure vivante de l'agitation, de l'attente, des tâtonnements, de la joie ; et il n'est pas donné d'éprouver de joie pareille une seconde fois, car l'heure du bonheur, ce n'est pas l'heure où l'on atteint, c'est l'heure où l'on attend.

                                                                                                    

     

    Kostis Palamas : Sur Athènes et le Parthenon (La Flûte du roi)

    Les cavaliers de la procession sur le frise nord du Parthenon (British museum)
    Photo personnelle

     

    Kαι πάντα από τη μια μεριά κι απ' τη μεριά την άλλην
    οι συντροφιές εδώ πιο αριές, κ' εκεί πιο πυκνωμένες,
    μαζώνονται και πλέκονται και ρυθμικά προβαίνουν·
    απ' τα ηλιογέρματα τραβάν προς τους βοριάδες οι άλλοι
    κι άλλοι προς τις ανατολές απ' του βοριά τα μάκρη.
    K' είναι αρχοντιά, κ' είναι λαός, κ' είναι παρθένες, βόιδια
    για τη θυσία στεφανωτά, και αργοσυρμένα αμάξια,
    καλαθοφόρες λυγερές, λαμπαδοδρόμα αγόρια,
    και καβαλλάρηδες γοργοί στερνοί ακολουθώντας με όλα
    της νιότης τα χαρίσματα, που είν' αψεγάδιαστα όλα,
    στη σάρκα, στην κορμοστασιά, στη φορεσιά, στη γύμνια,
    το πανηγύρι του θνητού χαρά θεού το κάνουν.
    Γι' αυτό και πάντα αθώρητοι το πανηγύρι βλέπουν
    ανάμεσ' απ' το λατρευτό λαό κι αναγαλλιάζουν
    οι αθάνατοι, από τους θνητούς που μόλις ξεχωρίζουν,
    και μέσα στους αθάνατους ξεχωρισμένοι ακόμα,
    ο Aσκληπιός κ' η Δήμητρα κ' οι Διόσκουροι κι ο μέγας
    ροπαλοφόρος Hρακλής, κ' η πιο μεγάλη, η Kόρη,
    θέισσα στο θρόνο τον πλατύ, με τη μακριά τη βέργα.

    [...]

     

    Et toujours, de part et d'autre, les groupes, ici plus rares, là plus compacts, se rassemblent, se croisent et défilent en cadence ; les uns vont du couchant vers le nord, les autres du septentrion vers l'orient. Et c'est l'aristocratie, et c'est le peuple, et ce sont de jeunes vierges, des bœufs couronnés pour le sacrifice, de lents chariots, de sveltes canéphores, de jeunes coureurs se passant le flambeau, puis, fermant la marche, de rapides cavaliers avec tous les dons de la jeunesse, tous accomplis dans la perfection des formes, de la stature, du vêtement, de la nudité, donnant à cette fête humaine une divine splendeur.
    C'est pourquoi, bien que toujours invisibles, les Immortels, au milieu de leur peuple aimé, contemplent la fête avec ravissement ; ce sont les dieux qui, à peine différents des mortels, tiennent parmi les Immortels une place distincte : Asclépios, Déméter, les Dioscures, le grand porteur de massue Héraclès et la plus grande de tous, Corè*, déesse au large trône et à la longue lance.

    [...]

                                                                                                                * Corè: Athéna

    3.-Martinus-Rorbye--1844.jpg
    Martinus Rørbye, Discussion au Parthenon, Galerie nationale du Danemark, 1844.
    Martinus Rørbye, Συζήτηση στον Παρθενώνα, Εθνική Πινακοθήκη Δανίας, 1844.

     

    Σ' όλα τα πλέρια σήμερα και τα καλοκομμένα,
    είτε της τέχνης θάματα και είτε θωριές της πλάσης,
    που αμέσως ξεδιαλύνεις τα κ' εύκολα τα γνωρίζεις,
    κι αν χέρι απλώσης προς αυτά, πιστεύεις πως θα ταύρης
    όλα στο χέρι σου μπροστά για ψάξιμο ή για χάιδιο,-
    κάτου μακριά, χαράζοντας θαμπά στα μάτια ακόμα,
    βγαλμένο από τα διάσελα του Kιθαιρώνα, πέρα
    προς τη Λεψίνα, στα πλατιά του δρόμου που οδηγούσε
    τη λιτανεία τη μυστική προς της Σοφίας την πόλη,
    κάτι σαν κουρνιαχτός, για κοίτα! κάτι σα θολούρα,
    όλο τραβά κι ασκώνεται κι όλο και μεγαλώνει
    και μέσα στ' άσπρο του φωτός κι όλο πιο μαύρο δείχνει
    και πότε είν' από σύγνεφα κοπάδι, πότε δάσος,
    και πότε αστράφτει, και η βροντή προσμένεις να βροντήση
    και πότε είναι το γυάλισμα μιας λίμνης, και σιμώνει,
    κ' είναι περπάτημα στρατού κι αρμάτων είναι λάμψη.

     

    Aujourd'hui, parmi toutes les beautés qui se détachent en pleine lumière, soit merveilles de l'art, soit aspects du paysage, que l’œil distingue aussitôt et reconnaît aisément, si bien qu'on croirait, en étendant le bras, pouvoir les trouver sous la main pour le contact ou la caresse, – là-bas, pointant dans un lointain encore indécis, émergeant des cols du Cithéron, du côté d'Éleusis, sur la large route qui conduisait la procession des initiés vers la ville de la Sagesse, quelque chose comme une poussière, quelque chose comme une ombre s'avance, s'élève et toujours grandit et dans la blancheur lumineuse apparaît de plus en plus sombre, et c'est tantôt n troupeau de nuages, tantôt une forêt, et tantôt cela jette des éclairs et l'on attend le grondement du tonnerre, et tantôt c'est le miroitement d'un lac ; et cela approche, et c'est une armée qui marche et ce sont des armures qui scintillent.

                                                                                                               

    Kostis Palamas : Sur Athènes et le Parthenon (La Flûte du roi)

     Le déplacement des marbres de la frise Est du Parthenon
    d'après Edward  Dodwell (voir In search of Greece, 2013)

     

    Kαι ο Bράχος ο ξαγναντευτής κι ο ανταριασμένος Bράχος
    ρωτά και συλλογίζεται, κι όλα τα χίλια μύρια
    στόματ' ανοίγει και μιλά, κ' είναι το μίλημά του
    σαν πρωτοβούισμα της ζωής στο χάραμα της μέρας:

    ― Tης Pώμης αυτοκράτορας, απόστολος του Λόγου,
    προφήτης του Ήλιου ολόστερνος, και ο πρώτος μέσ' στους πρώτους,
    μήνα στρατάρχης νικητής ο Παραβάτης φτάνει
    τους γκρεμισμένους μου βωμούς να τους ξαναστυλώση,
    και μη μου φέρνει ο λυτρωτής για να τα ξαναστήση
    κι αυτά, κι αυτών ξεσκλαβωτής σ' ανατολή και δύση,
    από κουρσάρων κάτεργα κι από ληστάδων χέρια,
    και τα ξενιτεμένα μου τα μάρμαρα και σπλάχνα;
    Bάρβαρος μέσ' στους βάρβαρους, μ' όλα τα καταφρόνια
    στης πέτρας τα ολοζώντανα, στου νου τ' αθάνατα όλα,
    ξανάρχεται ο Aλάριχος;

     

    Et le Rocher qui regarde au loin, le Rocher saisi d'émoi interroge et médite ; il ouvre ses mille bouches et il parle, et sa parole est semblable aux premiers murmures de la vie à l'aube du jour :

    ― Souverain de Rome, apôtre du Verbe, dernier prophète du Soleil et premier entre les premiers, l'Apostolat, chef d'armée victorieux, vient-il rebâtir mes autels écroulés ? Me rapporte-t-il pour les relever aussi, après les avoir libérés de l'esclavage où les retenaient, en Orient et en Occident, des galères de pirates et des mains de pillards, mes marbres exilés qui sont mes entrailles mêmes ?
    Barbare parmi les barbares, plein de mépris pour les vivants chefs-d’œuvre de la pierre, pour les chefs-d’œuvre immortels de l'esprit, est-ce Alaric qui revient ?

                                                                                                              
        Traduction française d'Eugène Clément, in La Flûte du roi, Librairie Stock, 1934

    Louis-Dupre-L-Acropole-vue-de-la-maison-de-Fauvel.jpg
    Louis Dupré : L'Acropole, vue de la maison du Consul de France Louis-François Sébastien Fauvel, 1819.

    Kostis Palamas, Translations in english
    The King's Flute, tr. T. P. Stephanides, G. C. Katsimbalis (1982) [Greek and English texts]
    The King's Flute, tr. F. Will (1967)
    The Twelve Lays of the Gypsy, tr. G. Thomson (1969)
    The Twelve Words of the Gypsy, tr. T. P. Stephanides, G. C. Katsimbalis (1974; repr. 1975)

     

    Links / Liens

    Kostis Palamas (1859-1943)

    Biographie sur le site de Projet Homère
    Biographie du poète sur wikipedia
    Poèmes en grec

    La Flûte du roi traduit par Eugène Clément: Catalogue de la bibliothèque municipale d'Orléans

    Ο Δωδεκάλογος του Γύφτου (Le dodécalogue du tzigane, version grecque en ligne)
    Ύμνος εις την Αθηνάν (
    Hymne à Athènes), version grecque en ligne)

    Des poèmes de Palamas sur ce blog

     

    Un article sur les marbres sur ce blog

    Les frises du Parthenon : description 

    Les frises (wikipedia)

    Les marbres d'Elgin

    Les marbres au Louvre

    Les marbres au Vatican

    Les frises au British museum

    Le Vatican rend à la Grèce une partie du Parthenon

    L'Italie rend un fragment des frises (musée de Palerme)

           

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