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L'Ogre d'Athènes de Nikos Koundouros * Ο Δράκος (1956) - film video
L'image d'un tueur et les aléas de la mythification, l'emprisonnement du regard de l'Autre, la reconnaissance de soi, l'absurdité de la gloire et de la tragédie. Un classique du cinéma grec...
L'Ogre d'Athènes (mot-à-mot le dragon, Ο Δράκος), dans un style néo-réaliste, est un récit tragi-comique de Nikos Koundouros (Νίκος Κούνδουρος).
En tête d'article : l'affiche du film peinte par Nikos Koundouros lui-même.
On plonge dans un univers expressionniste sombre, mêlé de néo-réalisme poétique et drôle.
Lumière et images sont très belles (Costas Theoridis). Le scénario est de Iakovos Kambanellis, il décrit un personnage sans relief dont la vie bascule le jour de l'an par la métamorphose en criminel de sa propre image dans le regard des autres.
L'originalité de ce film réside dans le scénario et la mise en scène, même si au début, à cause des jeux d'ombres et de lumière, à cause des jeux de regard des comédiens, on pense au Troisième homme de Carol Reed (1949) ou à M le maudit de Fritz Lang (1932), il est original dans la manière dont le comique fait irruption : lorsque les gags arrivent, par exemple, aux moments les plus tragiques. Il est original dans ses contrastes forts entre le sentimental, le poétique et le brutal, entre le philosophique et le frivole, entre le (faux) nanar et le vrai chef d’œuvre.
Le film est d'ailleurs considéré comme un chef d’œuvre mais il est peu connu dans le monde.
L'Ogre d'Athènes n'est pas un film prétentieux.Un exemple de l'irruption du comique dans une scène tragique : l'arrestation de Monsieur Thomas.
Cliquez sur les images pour les agrandir - la scène correspond sur la vidéo à 1h03.La descente des marches sur un funeste roulement de tambour: ambiance très solennelle. Les regards sont droits et froids.
Autour, la foule du quartier se rassemble et observe le spectacle du prédateur devenu proie des autorités.
Mr. Thomas prêt à la pendaison... avec un soutien-gorge ! Avec beaucoup de dignité, Mr Thomas écarte
le soutien-gorge, pour affronter son destin.On trouve aussi les types classiques de comique (personnages, gestes, mots...)
Les références...
M le maudit avec Peter Loore
L'Ogre d'Athènes avec Dinos Iliopoulos
Le Troisième homme de Carol Reed
L'Ogre d'Athènes de Nikos Koundouros
Le film, au-delà des clichés, n'a pas reçu d'assentiment politique ni de droite ni de gauche, parce qu'il montre une classe populaire fascinée par l'argent prête à se servir du patrimoine, qui veut imiter l'Amérique (de nombreux passages musicaux accompagnent cette vision), ce qui ne plaisait pas à la gauche dogmatique. D'autre part, il n'étale pas la bonne morale grecque attendue par des politiciens de droite de l'époque. Aussi, certains pensent que ce film est révolutionnaire.
La musique est de Manos Hadjidakis, un musicien grec majeur. L'une des dernières scènes, où l'on danse le zebikiko sur un rythme de marche funèbre, est particulièrement forte, comme une transfiguration de la condition humaine. Par la suite, on retrouvera dans de nombreux films grecs cette représentation-là de cette danse.Distribution :
Ντίνος Ηλιόπουλος : Θωμάς
Μαργαρίτα Παπαγεωργίου : Ρούλα ή μωρό
Μαρίκα Λεκάκη : Κάρμεν
Γιάννης Αργύρης : χοντρός
Θανάσης Βέγγος : Σπαθής
Dinos Iliopolos : Thomas
Margarita Papageorgiou : Roula
Marika Lelaki : Carmen
Yannis Arghyris : le gros (le chef de bande)
Thanassis Veggos : Spathis
Voici le film intégral en vidéo (sous-titré en anglais) :
Ou simplement ici en grec sans sous-titres.
Des extraits de critiques (cliquez pour agrandir)
Le réalisateur Nikos Koundouros
Nikos Koundouros est mort en février de cette année (22 février 2017) à 90 ans.
Il a reçu une formation en peinture : il est diplômé de l'École des Beaux-Arts d'Athènes. Fils d'un homme politique, et lui-même engagé à gauche, il a été détenu à Makronissos après la guerre civile de 1949 à 1952. Il s'est naturellement engagé contre la dictature des colonels (1967-1974), mais cette fois depuis son exil à l'étranger.
Son cinéma est considéré comme faisant partie d'un courant nouveau du cinéma grec d'après-guerre, aux côtés de Michalis Cacoyannis, néo-réaliste mais de façon très personnelle et presque à l'opposé des cinéastes italiens, sans illusion sur le peuple.Il a également réalisé Les petites Aphrodites (Μικρές Αφροδίτες) en 1963, Vortex, le visage de Méduse (Το πρόσωπο της Μέδουσας) entre 1967 et 1977 (interrompu à cause de la dictature), Les Chants du feu (Τραγούδια της φωτιάς) en 1975, 1922 (sur la grande catastrophe, réalisé en 1978), Bordelo (1984).
Liens/ Links
Wikipedia : sur Nikos Koundouros
Nikos Koundouros sur ce blog : Les Chants du feu
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Tags : cinéma grec, Nikos Koundouros, L'Ogre d'Athènes, The fiend, O Drakos, Dinos Iliopoulos, Thanassis Veggos, Margarita Papageorgiou, Vidéo, film
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