• Alkinoos Ioannidis, concert à Epidaure, 17 juillet 2009

    Alkinoos Ioannidis, concert à Epidaure, 17 juillet 2009


    Un catogan pour contenir une chevelure moutonnante, un air de tout jeune homme, l’œil taquin, le sourire coquin, comme un enfant riant sous cape de ses bêtises avec ses copains, le malicieux Alkinoos Ioannidis a joué et chanté avec ses trois musiciens et un chœur, dans le petit théâtre antique d’Epidaure, un soir où les cigales volaient sous les micros, où les grillons manifestaient parfois un peu de jalousie et répondaient aux premières notes, en grinçant ou en sciant. Même si au commencement, on aurait dit qu’on l’avait un peu dérangée, la nature s’est finalement tue.

     

    Ce qui frappe d’abord c’est la qualité du son. Pur.

    Ce n’est pas seulement l’acoustique du théâtre qui était bonne, c’est la précision des musiciens, l’utilisation d’instruments qui respirent (c’est-à-dire d’instruments acoustiques et non d’instruments électroniques), l’amour qu’ils mettent à l’exécution de chaque note, comme l’empreinte d’un doigt dans l’argile, comme des sculpteurs de musique.
    La musique de Ioannidis mêle l’esprit du chant byzantin au classique, au jazz moderne, au rock, à la musique traditionnelle grecque ou chypriote (certains chants rappellent les chants corses ou siciliens).
    Ioannidis parcourt toutes les émotions de la méditation à la révolte. La variété de ses modes d’expression enrichit l’oreille en couleurs et en textures.

        
    Alkinoos Ioannidis' concert in Epidavros, 07/17

    A ribbon for tying freezy back hair, looking like a very young man, a teasing eye, a mischievous smile, like a boy who laughs at silly things he’s done with his friends, the malicious Alkinoos Ioannidis has played and sung with his three musicians and a choir, in the little antic theater of Epidaurus, a night when the cicadas were flying under the microphones, when the crickets were a little jealous sometimes and were answering the first notes, grinding or sawing. Even if at the beginning, we could have said that it has been disturbed, the nature finally stood quiet.

     

     

    What shocks first is the quality of the sound. Pure.

    It’s not only because the theater’s acoustic is good, it’s the precision of the musicians, the use of instruments which are breathing (acoustic instruments and not electronic ones), the love that they put in the exetution of each note, like the fingerprint in the clay, like sculptors of music.
    The music of Ioannidis mixes up byzantine chant with classic, modern jazz, rock, traditional greek or chypriot music (some songs sound a little like the corsican or sicilian ones).
    Ioannidis goes through all kind of emotions from the meditation to the riot. The severals ways he chooses to express himself feed the ear in colours and textures.

     

         

    Αλκίνοος Ιοαννίδης :
    Επιτυχία
    Alkinoos Ioannidis: Réussite- Success (ironic)

     

    Αλκίνοος Ιοαννίδης :
    Εις Μνήμην
    Alkinoos Ioannidis: In Memoriam

    La silhouette effilée du pianiste (Stavros Lantsias), avec de longs cheveux bouclés, sombres, s’est avancée en scène précédant les autres après une pause zen, concentré, les mains jointes et le dos droit.
    Le violoncelliste (Yorgos Kaloudis) est entré à pas de loup, presque sur la pointe des pieds. La barbe affleurant un visage soutenant une massive chevelure bouclée. Il apporte, comme le pianiste, une tonalité jazz et classique. Assis au centre, ses genoux enserrant son instrument, il jouait parfois aussi de la lyre crétoise.
    Enfin, Alkinoos Ioannidis (chant et guitare) est arrivé à grandes enjambées, penché en avant suivi du percussionniste Michalis Kapilidis qui s’est installé avec la souplesse d’un chat sur le côté de la scène, derrière ses instruments (batterie et autres appareils suspendus en zigzag auxquels il a fait subir toutes sortes de touches, frappant avec netteté, caressant, appuyant, frictionnant…). Michalis Kapilidis était à la fois doux, souple et très nerveux.
    Le chœur est arrivé au moment où Alkinoos Ioannidis s’est installé à la flûte basse.
    Composé de six voix masculines et de sept voix féminines, il se répartissait comme un chœur classique (ténors/ basses opposés aux soprani/alti). Très très sérieux, scrupuleux et très concentrés, les chanteurs ont laissé leur plaisir transparaître grâce aux provocations taquines d’Alkinoos Ioannidis.

     

    Le sharp shadow of the pianist (Stavros Lantsias), with his long curly hair, dark, came on the scene before the others after a zen pause, concentrated, hands joined and straight back.
    The cellist (Yorgos Kaloudis) entered on tip toe. His face was surrounded by a thick curly hair and a light bear. He gives, like the pianist, a jazz and classic touch. Sat in the centre, his knees enclosing his instrument, he also played cretan lyra.
    Lastly, Alkinoos Ioannidis (vocals and guitar) arrived striding along, bending forward, followed by the percussionist Michalis Kapilidis who settled down with the litheness of a cat on the right side of the scene, behind his instruments (drums and other machines hung up in zigzag and to which he inflicted all sorts of touch, with clear beats, caressing, dwelling, rubbing...). Michalis Kapilidis was soft, flexible and nervous.
    The choir arrived at the moment when Alkinoos Ioannidis was playing the bass flute.
    Composed of six masculine voice and six feminine, it was built like a classical choir (tenor/bass facing soprani/alti). Very very scrupulous and concentrated, the singers let their pleasure appear thanks to Alkinoos Ioannidis’ teasing.

     

     

    Alkinoos Ioannidis, concert à Epidaure, 17 juillet 2009

    The instruments are wainting for their masters.

    Les premières chansons du concert étaient douces, ce qui créait d’emblée une atmosphère à la fois très reposante et méditative. Il a commencé seul à la guitare sans micro pour faire sentir au public la qualité acoustique du théâtre.

    Il serrait parfois sa guitare en se refermant sur elle et c’est comme si elle pénétrait son ventre pour y vibrer. De sa chaise il se retournait de temps en temps pour diriger le chœur, la bouche arrondie, les yeux rieurs, il hochait la tête pour les lancer ou pour marquer la fin d’un chant. Il créait une unité et une complicité entre les musiciens, sans les étouffer, on les sentait libres.
    La vibration de son sourire, comme l’échappée discrète du plaisir de la scène, se transmettait sur les visages, animant insensiblement les corps.
    Il parlait au public entre ses chansons et on les sentait proches et complices.

     

    The first songs of the concert were sweet, which created an immediate cool and meditative atmosphere. He began alone with his guitar without microphone so that the public could appreciate the quality of the acoustic of the theater.

    Sometimes he was clasping his guitar closing himself around it as if it penetrated his abdomen to vibrate in it. From his chair he sometimes turned back to conduct the choir, with a round mouth, smiling eyes, he nodded to push them or to indicate the end of an aria. He created unity and complicity between the musicians, without smother them, they seemed to be free.
    The vibration of his smile, as if the pleasure of the scene discretly escaped, was transmitted onto the faces, lightly moving the bodies.

    He talked to the public between the songs and we could feel them close and a party of it, accomplice.

     

    Alkinoos Ioannidis, concert à Epidaure, 17 juillet 2009

     On the left side (yellow spot) the great Theater of Epidavros, and on the right side, the little one.

    Le spectacle avait lieu dans le cadre du Festival d'Athènes et d'Epidaure (Grèce).

    C’était au petit théâtre d’Epidaure (2000 places), à Archéa (ou Palea) Epidavros (on pourrait traduire par Epidaure-Le-Vieux), qu’il ne faut pas confondre avec le grand théâtre d’Epidaure, situé quelques kilomètres plus loin sur le site antique dédié à Asklépios.

     

    The show was going on during the Athens and Epidaurus' festival (Greece).

    It was in the little theater of Epidaurus, in Archea (or Palea) Epidaurus (the old Epidaurus), that must not be confused with the great theater of Epidaurus, some kilometers around on the antic site of Asklepios.

    Le jardin des Hespérides derrière le petit théâtre d'Epidaure

    On rejoint le théâtre par la route ou par un chemin qui borde le port et qui s’enfonce dans une orangeraie. On croise sur ce chemin des fermes d’où parviennent les odeurs des chèvres qui s’embrassent le long des grillages, celles des figuiers. Le soleil couchant derrière la montagne découpe sa silhouette.

    Le théâtre était très bien éclairé, un grand olivier à droite des gradins, les ruines, demi-colonnes au fond de la scène, ajoutaient au caractère sacré du concert. A la tiède atmosphère du soir se mêlait la délicieuse odeur de pipe d’un ingénieur du son, qu’un léger vent nous a ensuite volée derrière la scène.
    Une tâche de lumière, reflet involontaire de la guitare de Ioannidis, parcourait quelques visages dans le public ; un public très attentif et doux, à l’image du spectacle que nous ont donné ces très bons musiciens. Le chanteur se  taisait parfois pour écouter le public qui chantait avec lui, le portant doucement, presque timidement avec respect et admiration. Il était très réactif à l’enthousiasme amusé et retenu de son chanteur.

    Seul, un homme apparemment affamé a demandé une chanson avec insistance en l’apostrophant depuis les gradins dans le noir. Alkinoos Ioannidis a répondu d’abord qu’il avait du travail (ou quelque chose dans ce genre) sur un ton amusé, l’homme a insisté, et il lui a répondu qu’il avait fait un CD avec gentillesse et sans doute avec un trait d’humour que je n’ai pas compris (je comprends encore très difficilement le grec).
     

    You can go to the theater by the road or by a path which border the harbour and which is swallowed by a field of orange trees. On this path, you cross little farms from which are coming out the fragrances of the goats that are kissing along the wire netting, you can also feel perfumes of fig trees. The sunset behind the mountains cut up its shadow.

    The theater was well lit, a big olive tree on the right of the step rows of seats, the ruins, half-columns on the backstage, added something holy to the concert. In the warm atmosphere of the night melted the delicious odour of the pipe of the sound ingineer then was stollen away by a cool wind behing the scene.
    A spot of light, the involontary reflect of Ioannidis’ guitar was running on the faces of the people in the public ; a very
    attentive and sweet public, image of the show given by these very good musicians. The singer sometimes interrupted to hear the public singing with him, carring him tenderly, almost shy, with respect and admiration. He was reacting fastly to the amused and contained enthousiasm of his singer.

    One man, a hungry one, asked a song, insisting, shouting from the steps in the dark. Alkinoos Ioannidis aswered first something like “I have a lot of work” with fun in his voice, the man insisted again, he answered that he had made a CD, with kindness and perhaps with a joke that I didn’t understand (I still understand hardly greek language).
         

    Αλκίνοος Ιοαννίδης :
    Μη με Κλειδώνεις
    Alkinoos Ioannidis: Don't bolt me in - Ne m'enferme pas

    Difficile de classer ce public. Comme d’autres concerts auxquels j’ai assisté en Grèce (à l’exception de celui de Xydakis à Athènes, composé d’un public bourgeois), Alkinoos Ioannidis a rassemblé des personnes de toutes catégories sociales, de tous les âges (des gamins de 10 ans venus avec leurs parents jusqu’au grand-père de 80 ans), une foule sentimentale.   It’s hard to classify the public. Like other concerts where I have been in Greece (except Xydakis’ in Athens, which gathered mostly bourgeois), Alkinoos Ioannidis gathers together peple from all backgrounds, of all ages (from 10 years old kids who came with their parents to grandfathers in their 80’), a sentimental crowd.

    Αλκίνοος Ιοαννίδης :
    Πατρίδα
    Alkinoos Ioannidis: Patrie/Homeland

    Liens /Links :

    Alkinoos Ioannidis on myspace

    Site d’Alkinoos Ioannidis

    Alkinoos Ioannidis sur Wikipedia
    Festival d'Athènes et d'Epidaure / Athens and Epidaurus' festival
    credibilis (videos of this article and other songs from the last album of Ioannidis)
    Critiques et commentaires sont bienvenus.   Critics and comments are welcome.
                                                   
                          
    « Eleftheria Arvanitaki, concert à Chalkida, 24 juillet 2009Haris Alexiou, concert à Kavala, 3 août 2009. »
    Partager via Gmail Yahoo! Google Bookmarks Pin It

  • Commentaires

    1
    Dimanche 30 Août 2009 à 17:37
    annie
    I really enjoyed reading this description as well as the previous one, or maybe even more! You really outdid yourself! I have been to an Ioannidis concert before, so I understand how he looks on stage, how playful he is -he also tends to sing with his eyes wide-open, doesn't he! He looks a little bit crazy when he does that.

    Anyway, I am ashamed to say that I have never visited Epidavros. Your blog makes me want to travel around Greece and go to the places I've never been! I could almost see the orange trees and smell the figs.... ! A un mot grec: teleia! (with one greek word... perfect) :D
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    2
    Vendredi 1er Janvier 2010 à 12:54
    Dornac
    I finally found out today how to take back the comments I put in the trash by mistake.
    That's the effect of the new year, probably.
    Strangely, I didn't wish to be more intelligent for this new year, but sometimes lights switch on randomly ! eurêka !!!
    Thank you a lot for your comment Anastasia.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :