• Andreas Calvos : Ode IV * Εἰς Σάμον

    Vasso-Katraki.JPG


     

     

    Que ceux sur qui s'appesantit
    de la peur la main d'airain
    désormais soient, puisqu'ils le veulent,
    esclaves. Sans le courage et sans l'audace
    il n'y a plus de liberté.

    C'est d'elle (et la légende cache
    toujours sa part de vérité) qu'Icare
    a pris ses ailes. Et s'il tomba,
    dieu ailé, s'il eut pour finir
    la mer pour tombeau,

    C'est de plus haut qu'il est tombé
    et, devant mourir, mourut libre –
    tandis qu'à devenir victime
    funeste d'un tyran, crois-le,
    terrible est la tombe.

    Mais toi, Muse, tu la connais,
    la mer Icarienne – Patmos
    et, radieuse, Kalymnos
    qui nourrit sans fin ses abeilles
    de fleurs immoissonnées (...)

     

    Ὅσοι τὸ χάλκεον χέρι
    βαρὺ τοῦ φόβου αἰσθάνονται,
    ζυγὸν δουλείας, ἂς ἔχωσι·
    θέλει ἀρετὴν καὶ τόλμην
    ἡ ἐλευθερία.

    Αὐτὴ (καὶ ὁ μῦθος κρύπτει
    νοῦν ἀληθείας) ἐπτέρωσε
    τὸν Ἴκαρον· καὶ ἂν ἔπεσεν
    ὁ πτερωθεὶς κ᾿ ἐπνίγη
    θαλασσωμένος·

    Ἀφ᾿ ὑψηλὰ ὅμως ἔπεσε,
    καὶ ἀπέθανεν ἐλεύθερος. -
    Ἂν γένῃς σφάγιον ἄτιμον
    ἑνὸς τυράννου, νόμιζε
    φρικτὸν τὸν τάφον.

    Μοῦσα τὸ Ἰκάριον πέλαγος
    ἔχεις γνωστόν. Νὰ ἡ Πάτμος,
    νὰ αἱ Κορασσίαι, κ᾿ ἡ Κάλυμνα
    ποὺ τρέφει τὰς μελίσσας
    μὲ᾿ ἀθέριστα ἄνθη. (...)

     
                                                                                                   
     

    Ode IV de Lyrique (fragment).
    Traduction de Dominique Grandmont in

    37 poètes grecs de l'Indépendance
    à nos jours, P.J. Oswald, 1972.

     

    Ανδρέας Κάλβος, ᾨδὴ Τετάρτη.
    Εἰς Σάμον (Λύρικα, 1826)

     

     

    Le poème d'Andreas Calvos est ici interprété par Maria Farantouri sur une musique de Mikis Theodorakis (1974) :

     

     

    Le poème, fragment de l'Ode IV des Lyriques (publié à Paris en 1826), est dédié aux partisans de la guerre d'Indépendance grecque.

    Andreas Kalvos (1792-1869) est né à Zakinthos (l'île grecque appartenait alors aux Italiens) et a fait ses études en Italie. Il s'est rallié à la cause indépendantiste grecque contre le joug ottoman. Kalvos s'est exilé en Angleterre, en France, où, bercé sans doute par le mouvement européen pour l'émancipation des peuples, il a écrit un « Hymne à Napoléon » (entre 1811 et 1815). Il a vécu également à Corfou où il a enseigné. Ugo Foscolo, natif lui aussi de Zakinthos, était son mentor.

     

    En tête d'article une oeuvre de Vasso Katraki (photo personnelle à l'envers) :  Il est monté haut, très haut
    (plaque pour lithographie)                                                   Βάσω Κατράκη :
    Τραβήξανε ψηλά πολύ ψηλά                                                                                                               

    Liens / Links

    Biographie d'Andreas Calvos (wikipedia)
    Odes (Lyrique et Lyre) en grec


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  • Commentaires

    1
    Samedi 9 Mars 2013 à 15:19
    Amartia

    Magnifique poème. Merci de me l'avoir fait connaître.

    2
    Samedi 9 Mars 2013 à 18:56
    lizathenes

    C'est fou le nombre d'auteurs interprétées par Maria Fandouri !

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    3
    Lundi 11 Mars 2013 à 17:06
    Dornac

    Maria Farantouri est un monument, alors elle a le devoir de conserver et diffuser le patrimoine culturel grec.

    4
    Lundi 11 Mars 2013 à 17:07
    Dornac

    Parakalo.

    5
    Mercredi 13 Mars 2013 à 07:05
    Olav23

    Très beau poème qui vous baigne dans la mythologie grecque, plus que nécessaire en ce moment pour ce pays, ne serait ce que pour garder la tête haute. Merci pour le partage.

    6
    jakos
    Dimanche 27 Septembre 2015 à 05:30

    Ce chant est extraordinaire.

    7
    Dimanche 27 Septembre 2015 à 10:31

    Un chant résistant de 1826 ! La Résistance est une véritable tradition grecque.

    8
    Grec
    Mardi 15 Juin 2021 à 00:21

    Les poèmes de Calvos sont des chefs d'oeuvres. Ils appellent des représentations imagées comme celles que l'on voit ici. Ils sont comme des tableaux, ou des sortes de créations imaginaires. Calvos a écrit, avant les deux recueils d'odes, une ode, à Londres, appelée "Elpis Patridos" (Espoir d'une patrie).  Il a vécu à Genève, c'est d'ailleurs là qu'il a écrit son premier recueil de poèmes.

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