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Nuages, je vous toise...
Jusqu'à l'année dernière, j'avais l'habitude de venir en Grèce par le bus puis le bateau, en passant par Venise, Bari ou Ancone.
Le bateau donne la sensation d'être nulle part
des heures et des heures, au milieu de la mer,
le défilé des vagues rend presque saoul.
Quand les yeux reviennent sur le bateau,
le défilé continue, les formes se dérobent
sous les pieds.On est en mer, immense, dans des diamants fluides. C'est presque l'aventure. C'est nulle part.
Depuis un an, je vais plus souvent en Grèce, parfois peu de temps, alors je prends l'avion.
L'avion c'est être nulle part deux ou trois heures seulement, pas plus, enfermé, avec une sensation étrange, irréelle, de dominer le monde, d'être en suspension :
Nuages, je vous toise !Les montagnes sont comme des molaires, avec
leurs couronnes, leurs plombages.Après Les dents de la mer : Les dents de la Terre.
Tout est sillon : les rivières, les routes, les chemins,
le maillage des rues d'une ville.
Tout est plaque : les champs, les lacs, les bassins,
les marais, les lagons, certaines îles.Tout est grain de sable : les maisons, les villes, les poussières d'arbres.
Et les nuages bombinent au-dessus du sol, et nous passons au-dessus,
vite, puis entre les fumées, à travers les nuées, en-dedans les vapeurs
blanches impalpables depuis notre intérieur sec. Leur blancheur éblouit.Toiser les nuages donne la sensation agréable de ne pas
en être victime (par dessous, ils se pressent parfois à larmoyer sur notre dos),
et d'en admirer leurs formes, douce, arrondie ou autoritaire
par leur épaisse verticalité, dans le confort artificiel
d'une cage volante et hermétique.écumes
Photos : Maïs Elfe (moi-même, photos personnelles)
« Quatre chansons grecques sur les femmes * ΓυναίκαFrère de Brassens, de Lapointe : Manolis Rasoulis*Μανώλης Ρασούλης »
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Commentaires
Oui... ça me donne même envie d'ouvrir la fenêtre pour humer l'air frais.
Mais, je crois que si on le faisait vraiment, ça entraînerait une dépressurisation et tout le monde serait aspiré par les fenêtres hors de l'avion.
Oui l'avion, c'est moins romantique que le bateau, mais tu as tout de même réussi de belles photos, ce qui n'est pas évident à travers le hublot. Bravo pour ce billet.
Merci. C'est une question de chance avec la lumière, parce que mon appareil photo numérique est très basique (premier prix).
En fait, j'ai une fascination pour l'avion très forte, mais je ne peux pas dire que je préfère l'un ou l'autre, parce que le plaisir est différent. Avec le bateau c'est la durée et la proximité physique avec les éléments, parce qu'on est à l'air libre et non enfermé. Avec l'avion c'est la réalisation de l'impossible qui me fascine : passer dans des mondes auquels on n'a pas accès naturellement, et le paysage est beau aussi.
Il y a un moment où l'on est en plein désert dans l'un et l'autre monde (en pleine mer, on ne voit pas le fond de l'eau avec les plantes et les poissons).
Parfois j'ai l'impression que le ciel et la mer sont en miroir. Ca donne une sensation essentialiste (pas Platon), de retour à l'essentiel : les atomes, les particules, l'origine du monde vivant (complexe).J'ai beaucoup aimé cet article qui me fait revivre mes voyages dans le ciel Paris-Athènes. Vous m'avez donné une idée de reportages
Bravo.
Coline
Merci, c'est vraiment gentil de me dire ça.
Quels titres à vos reportages ?
- o kiklos tou nerou (déjà pris)
- Ulysse de mer en ciel
- Les voyages d'Eros: l' "R" et l' "O" ?
etc.Oui, justement, j'ai l'impression qu'être sur terre est un peu dangereux à l'heure qu'il est : il y a eu tremblement de terre au Japon.
Au Japon, il y a tout le temps.Après le tsunami celà va être la vague de compasion.
Peut une position intéressante: les pieds sur terre et la tête dans les étoiles?
Ach ! Merci pour ce commentaire !
"O Nuées très vénérables, il est certain que vous avez entendu mon appel."
En espérant aussi que les harpies qui les suivent se calmeront, et même : se coucheront !Mais... les nuées... c'est confortable, non ?
13morbackJeudi 18 Avril 2013 à 09:4014TotoJeudi 18 Avril 2013 à 09:40Très belles photos. Tout cela par le hublot?... "Nuées éternelles, élevons-nous, en rosée transparente et légère, du sein de notre père Océan aux bruissements profonds, jusqu’aux sommets des monts couronnés de forêts, afin de découvrir les horizons lointains, les fruits qui ornent la Terre sacrée, le cours sonore des fleuves divins, et la Mer aux mugissements sourds ; car l’œil de l’Ether brille sans relâche de rayons éclatants."
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Toisez ! Toisez !
Vous avez des angoisses ? Ce sont les particules qui s'atomisent. Du gaz et quelques Erinyes qui passaient par là.