Late Night est une pièce grecque du Blitz Theatre Group, écrite et mise en scène par Christos Passalis, Angeliki Papoulia et Giorgos Valaïs (du 10 au 20 décembre 2013, Nouveau Théâtre de Montreuil).

El pasado es un animal grotesco est celle d'un jeune argentin, Mariano Pensotti qui a également réalisé la mise en scène (4 au 8 décembre, Théâtre de la Colline et du 21 au 23 janvier 2014 au Lieu Unique de Nantes).

Les deux pièces (surtitrées en français), l'une au Théâtre de la Colline à Paris, l'autre au Nouveau Théâtre de Montreuil, que j'ai vues en l'espace de quelques jours (dimanche et mercredi), parlent de la valeur du passé, du contrôle et du sens de notre présent.

Des couples dans la tourmente des crises : ils sont quatre acteurs pour El pasado (deux couples) et six (trois couples) pour Late Night. Ils semblent vivre à côté les uns des autres, en face l'un de l'autre, mais on ne les sent jamais vraiment les uns avec les autres. Incommunicabilité dans Late Night. Fusions et solitudes dans El pasado. Les personnages s'occupent avec des choses futiles, en attendant que le temps passe.

La vie tourbillonne : Un manège où sont disposés les décors de chaque personnage pour El Pasado et une valse tournoyante quasi infinie, hypnotique, pour Late night, figurent le mouvement long, continu, irrésistible et irréversible du temps.

Chaque personnage s'exprime individuellement au micro : dans El pasado, il commente ce que fait un autre sur le manège puis s'exprime sur sa propre vie, dans Late night, chacun vient un à un à la queue leu-leu soit pour commenter ce que fait un personnage soit pour parler de ce qu'il ressent.

El pasado es un animal grotesco

Les deux font donc apparaître un puzzle épars d'individualités qui semblent vaguement indifférentes à ce qui leur arrive parce que leurs impressions sont cueillies çà et là comme dans un brouhaha quotidien, parce qu'il n'y a pas d'analyse – pas le temps ! – des personnages que le temps met en marche, que la musique ou le bruit de fond de la télévision anime comme des marionnettes, et si le son s'arrête... ils continuent angoissés. Et la musique reprend.

Pas de prise avec la réalité : dans El pasado, cette déconnexion du réel se fait par le biais des réactions de certains personnages, l'un d'eux qui s'approprie une main découverte dans un colis, et la main devient objet obsessionnel, objet de satisfaction personnelle après avoir été objet de surprise puis d'effroi. On s'habitue à tout, même à faire l'amour avec un mort.
Dans Late Night, il semble que le décor nous fixe dans une situation de guerre, de désastre, des morceaux de plâtre et la poussière au sol entourent la piste de danse, ces morceaux de plâtre que l'on fait passer parfois pour de la neige. Les informations sur cette catastrophe nous arrivent en désordre, sans cohérence, on ne sait plus très bien à quelle époque (« εκείνες τις μέρες - ekines tis meres ») on se situe, c'est une répétition d'époques, qu'importe, ça revient au même, l'histoire se répète.

Late Night

Ainsi vit-on dans le réel avec des témoignages aveugles sur la situation commune des hommes, des morceaux éclatés d'émotions, une vie en solution de continuités.
Cela rend la communication au présent presque irréalisable. Le contrôle de ce qui nous arrive impossible. C'est confus, semble-t-il.

C'est bien orchestré pour les deux pièces et l'on croit tous ces bons comédiens, ces visages paumés qui survivent.

► Extrait de Late Night :

Video : Le maillon théâtre de Strasbourg

Late Night avec Maria Filini, Sophia Kokkali, Angeliki Papoulia, Christos Passalis, Fidel Talaboukas, Giorgos Valaïs.
La troupe était déjà venue en juin 2012 au Théâtre de la Ville pour la pièce Guns, guns ! 

► Extrait d'El pasado es un animal grotesco :

Video : Video.net

El pasado es un animal grotesco avec Santiago Gobernori, Javier Lorenzo, Laura Paredes, Maria Ines Sancerni.

Late Night Photo ©-Vassilis-K.-Makris

Liens/Links

Late Night: Un article de l'AFP (Angelos Tzortzinis) dans Le Parisien

El Pasado es un animal grotesco : Le souffleur.net