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Yannis Kondos : L'Anatomiste * Ο Γιάννης Κοντός : Ὁ ἀνατόμος
L'Anatomiste
« Le temps ne me fait pas peur »
m'a dit le boucher
coupant, hachant, accrochant.« Pas question de rester au ciel,
c'est ici-bas que j'habiterai toujours. »
Il me regardait, frottant
ses mains sanglantes
contre le blanc du tablier.« Ma maison est près de l'étang.
Je pêche toute la nuit
des anguilles et des lunes. »
Son coup de couteau
– droit comme le silence –
vide le ventre de l'agneau.« À midi, quand il pleut,
je peins le même paysage. »
Il sépare le foie des viscères.Je lis aussi des poèmes.
Une fois j'ai même lu Hölderlin. »
Le cœur est tombé de l'étal.
Il s'est penché, l'a ramassé, raccroché
avec les autres.Août 1989 - Juin 1992
In Au tournant du jourὉ ἀνατόμος
« Δέν τόν φοβᾶμαι τό χρόνο »
μου εἶπε ὁ χασάπης
κόβοντας, λιανίζοντας, κρεμώντας.« Δέν πρόκειται να μείνω στόν οὐρανό,
ἐδῶ, στά χαμηλά θά κατοικῶ γιά πάντα. »
Μέ κοιτοῦσε σκουπίζοντας
τά ματωμένα χέρια
στό ἄσπρο τῆς ποδιᾶς.« Τό σπίτι μου εἶναι κοντά στήν λίμνη.
Ὅλη τή νύχτα ψαρεύω
χέλια καί φεγγάρια. »
Τραβάει μαχαιριά
– εὐθεία σάν σιωπή –
καί ἀδειάζει τήν κοιλιά τοῦ ἀρνιοῦ.« Τά μεσημέρια, ὅταν βρέχει,
ζωγραφίζω τό ἴδιο τοπίο. »
Ξεχωρίζει συκώτια ἀπό ἐντόσθια.« Διαβάζω καί ποιήματα.
Μιά φοπά διάβασα Χαίλντερλιν. »
Τοῦ ξέφυγε ἡ καρδιά ἀπό τόν πάγκο.
Ἔσκυψε, τήν πῆρε καί τήν κρέμασε
μαζί μέ τά ἄλλα.Αὔγουστος 1989 – Ἰούνιος 1992
In Στο γύρισμα της μέραςTraduction de Michel Volkovitch in Anthologie de la poésie grecque contemporaine, Gallimard, 2007.
Texte original Tableau en tête d'article : Παναγιώτης Τέτσης (Panayotis Tetsis)
Liens
Un blog : poèmes de Yannis Kondos (bilingues grec/français, avec sa biographie).
Site de Michel Volkovitch
Yannis Kondos sur ce blogPanayotis Tetsis, né en 1925 (english wikipedia)
« Festivals de musique en Grèce : 1- La River's Party (Castoria)La tante de Chicago * Η θεία απ’το Σικάγο (cinéma grec, 1957) »
Tags : Yannis Kondos, Poésie grecque contemporaine, σύγχρονη ελληνική ποίηση, greek contemporary poetry, greek poet
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Commentaires
Haaa ! Hahaha! Je n'y avais pas pensé. Sans doute parce que la posture du boucher appuyé contre son pendoir n'évoque pas pour moi la force du travailleur soviétique héroïque. Mais le sujet et les couleurs (peut-être pas le trait) peuvent effectivement rappeler la peinture réaliste soviétique.
Merci Zil. Ca m'a rappelé aussi qu'il fallait mettre le lien vers la bio du peintre Tetsis (né en 1925 et qui n'est pas mort).
En fait j'ai trouvé, c'est du réalisme RUSSE, je retire donc le terme sovietique...
Tableau de 1875
http://peinturesetpoesies.blog50.com/peintres-realistes
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Le tableau n'est pas un peu "réalisme soviétique" ?