• Yannis Ritsos : Le chant de ma soeur (extrait) * Το τραγούδι της αδελφής μου

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    Yannis Ritsos offre son enfance à la poésie, il compose un long  poème pour sa soeur Loula parce qu'elle a voulu le protéger des traumatismes familiaux, parce que sa souffrance contenue s'est transformée en folie.
    L'ouvrage traduit par Anne Personnaz vient de paraître en avril aux éditions Bruno Doucet et sera l'objet d'une présentation organisée par l'association Phonie-Graphie à la Maison de la Grèce le vendredi 24 mai 2013 ou le 8 juin* (à 19h) en présence de l'éditeur et de la traductrice.
    En voici un extrait.                                                                                                         

       * date en cours de vérification

     

    TE SOUVIENS-TU ?
    Elle t'avait jadis offert, la mère,
    une robe rose
    et un petit parapluie rose.
    Tu grimpais la pente fleurie
    dans le matin printanier
    aérienne et diaphane
    – une nuée rosée de lumière.
    Tu regardais le ciel
    comme si quelque chose d'en haut t'invitait.
    Seules les nattes affligées
    de tes cheveux noirs
    alourdissaient les frêles épaules.
    J'avais peur
    qu'en un instant tu ne périsses
    Semblable à la lumière rosée
    dans le couchant.
    Je recueillais alors
    des coquillages brillants
    et des galets multicolores
    sur le rivage de notre île
    pour voir tes yeux
    sourire
    et pour ensorceler ton cœur
    qui se fondait sans bruit
    dans la détresse du monde.
    Mais tu ne savais pas rire ;
    De tes larmes j'ai fait des ailes
    et loin je m'en fus pour t'apporter
    le pollen de l'éther
    et en arroser ton silence.
    Cependant tu ne savais pas recevoir.
    Tu offrais.
    Tu ne savais qu'offrir.
    Tous tes cadeaux
    tu les partageais
    et tes paumes
    sont demeurées vides.
    Tu inclinais la tête
    – oiseau affligé,
    dans l'obscurité de ton aile
    et tu chantais l'étonnante chanson
    de l'univers meurtri.
    Ma sœur,
    relève la tête.
    Je me penche près de toi et je t'apporte
    nos matines enfantines
    pour que tu respires profondément
    l'odeur salée de notre île,
    les murmures du soir
    et ayant traversé la brume du retour
    que tu abordes à mon côté.
    Retourne, ma sœur,
    à la petite Bethléem
    qui nous a fait beaux et humbles
    et moi, tu verras, je dépouillerai
    les rêves de Jérusalem
    qui m'ont emporté loin de toi
    et à jamais auprès de toi je resterai
    – un simple grillon,
    qui pour toi chantera
    les nuits de printemps.
    Tu ne m'entends pas ?

          

    ΘΥΜΆΣΑΙ;
    Σοὖχε χαρίσει κάποτε ἡ μητέρα

    ἕνα ρόδινο φόρεμα
    καὶ μιὰ μικρὴ ρόδινη ὀμπρέλα.
    Ἀνέβαινες τὴν ἀνθισμένη πλαγιὰ
    τὸ ἐαρινὸ πρωϊνὸ
    ἀνάλαφρη καὶ διάφανη
    - ἕνα ρόδινο νέφος φωτὸς.
    Κοιτοῦσες τὸν οὐρανὸ
    σὰν κάτι ἀπὸ ψηλὰ νὰ σὲ καλοῦσε.
    Μόνο οἱ θλιμμένες πλεξίδες
    τῶν μαύρων μαλλιῶν σου
    βάραιναν τὴ λεπτή σου ράχη.
    Φοβόμουν
    μήπως μιὰν ὥρα χαθεῖς
    ὅμοια μὲ ρόδινο φῶς
    μέσα στὴ δύση.
    Μάζευα τότε
    ὄστρακα στιλπνὰ
    καὶ πολύχρωμα βότσαλα
    ἀπ’ τ’ἀκρογιάλι τοῦ νησιοῦ μας
    γιὰ νὰ δῶ τα μάτια σου
    νὰ χαμογελοῦν
    καὶ νὰ μαγέψω τὴν καρδιά σου
    ποὺ διαλυόταν ἀθόρυβα
    στὴ θλίψη τοῦ κόσμου.
    Μὰ δὲν ἤξερες νὰ γελᾶς.
    Ἔκανα φτερὰ τὰ δάκρυά σου
    κ’ἔφευγα μακριά γιὰ νὰ σοῦ φέρω
    τὴ γύρη τοῦ αἰθέρα
    νὰ ραντίσω τὴ σιωπή σου.
    Ὅμως δὲν ἤξερες νὰ δέχεσαι.
    Χάριζες.
    Μόνο χάριζες.
    Ὅλα τὰ δῶρα σου
    τὰ μοίρασες
    κ’ ἔμειναν ἄδειες
    οἱ παλάμες σου.
    Ἔγειρες τὸ κεφάλι
    – πικραμένο πουλί,
    στὴ σκοτεινὴ φτερούγα σου
    καὶτραγούδησες τὸ ἀπίστευτο τραγούδι
    τοῦ πληγωμένου σύμπαντος.
    Ἀδελφή μου,
    ὕψωσε τὸκεφάλι.
    Σκύβω σιμά σου καίσοῦ φέρνω
    τοὺς παιδικούς μας ὄρθρους
    ν'ἀναπνεύσεις βαθιὰ
    τὴν αλμύρα τοῦ νησιοῦ μας,
    τους βραδινους φλοίσβους
    καὶπερνώντας τὴν ὁμίχλι τοῦ νόστου
    ν'ἀράξεις κοντά μου.
    Γύρισε, ἀδελφή μου,
    στὴ μικρὴ Βηθλεὲμ
    ποὺμᾶς γέννησε ὡραίους καὶ ταπεινοὺς
    κ'ἐγώ, θὰ δεῖς, θὰ μαδήσω
    τὰ ὄνειρα τῶν Ἱεροσολύμων
    ποὺμ'ἔπαιρναν μακριά σου
    καὶθὰ μείνω γιὰ πάντα στὸ πλάϊ σου
    – ἕνα σεμνο τριζόνι,
    γιὰνὰσοῦτραγουδῶ
    τὰ βράδια τοῦἔαρος.
    Δὲ μ'ἀκοῦς ;

         

    Traduction d'Anne Personnaz,
    in Le chant de ma sœur, éditions Bruno Doucey,
    avril 2013, p. 60 à 65

        Το τραγούδι της αδελφής μου
    Γιάννης Ρίτσος

    Tableau en tête d'article d'Emmanuel Zaïris (Εμμανουήλ Ζαϊρης) : Fille dans un jardin potager, 1920.

     

    Links/ Liens

     Une vidéo grecque sur Le chant de ma soeur
    Biographie (Guy Wagner sur le site de M. Theodorakis)

    http://www.ypsilonediteur.com
    Biographie sur projethomere.com
    Biographie en grec
    Autres poèmes traduits (par Guy Wagner sur le site de Mikis Theodorakis)
    http://www.universalis.fr

    http://www.aujourdhui-poeme.fr

    Autres poèmes de Yannis Ritsos sur ce blog :

          *Yannis Ritsos : poèmes
          *Epitaphe- Un jour de mai, tu m'as quitté
          *Και να, αδελφέ μου - Et voilà, mon frère
          *Erotika (extraits)

     

     

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