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Constantin Cavafis : Che fece... il gran rifiuto
Constantin Cavafis reprend une partie de la formule de Dante « Che fece per viltade il gran rifiuto » dans la Divine Comédie : Dante et Virgile entrent dans un espace où les hommes sont paresseux et n'ont fait ni le Mal ni le Bien, c'est l'antichambre de l'Enfer : ce n'est ni l'Enfer, ni le Paradis. Ces hommes sont ceux qui, « per viltade » c'est-à-dire « par lâcheté » ont fait « il gran rifiuto », « le grand refus ». En fait, Dante condamne surtout les tièdes, ceux qui ne prennent jamais parti et restent dans une sorte d'indolence qui ne les mènera pas aux Enfers, mais pas non plus au Paradis. Cependant, ils ont un châtiment : ils sont condamnés à courir vainement derrière un étendard sans symbole, alors que des guêpes et des taons les font saigner de leurs piqûres et que des vers, attirés par le sang, rongent leurs pieds.
Le refus aujourd'hui est celui de la Résistance, nettement affirmée et non pas tiède, que Constantin Cavafis
– « per viltade » est remplacé par des points de suspension – prône dans son poème en 1901 (et il en souffre le fardeau) :Che fece... il gran rifiuto
Σε μερικούς ανθρώπους έρχεται μια μέρα
που πρέπει το μεγάλο Ναι ή το μεγάλο το Όχι
να πούνε. Φανερώνεται αμέσως όποιος τόχει
έτοιμο μέσα του το Ναι, και λέγοντάς το πέρα
πηγαίνει στην τιμή και στην πεποίθησί του.
Ο αρνηθείς δεν μετανοιώνει. Aν ρωτιούνταν πάλι,
όχι θα ξαναέλεγε. Κι όμως τον καταβάλλει
εκείνο τ’ όχι — το σωστό — εις όλην την ζωή του.Che fece... il gran rifiuto
À quelques-uns arrive un jour
d'avoir à choisir entre le grand Oui
et le grand Non. Se révèle aussitôt celui
qui a le Oui tout prêt en lui, et de le dire
le fait aller plus loin dans l'honneur* et dans sa conviction.
Celui qui refuse ne regrette rien. Si on lui reposait la question c'est non qu'il redirait. Et pourtant il l'accable,
ce non – dans sa justesse – durant toute sa vie.1901
Από τα Ποιήματα 1897-1933, Ίκαρος 1984Traduction de Dominique Grandmont, in En attendant les barbares et autres poèmes, Gallimard, 2008.
* les honneurs, la gloire
En tête d'article un tableau de Domenikos Theotokopoulos dit El Greco :
Le Christ chassant les marchands du Temple, National Gallery de LondresUne autre traduction (de François Sommaripas) :
Chè fece... il gran rifiuto
Pour certains, le jour vient où il leur faut
opter pour le grand Oui ou le grand Non.
On voit tout de suite qui est prêt pour le oui,
prêt à suivre la voie tracée
par son honneur, et sa conviction. Celui
qui refuse, ne le regrette pas. À la même question il répondra toujours non. Ce non juste
qui l'accable tout le long de sa vie.Mise en musique d'Athanasios Simoglou, interprétée par Katerina Rousou. En italien et en anglais :
Che fece ... il gran rifiuto
A certi uomini arriva un giorno
in cui devono dire il grande Si
o il grande No. Si riconosce subito colui
che in cuor suo ha pronto il Si, e pronunciandolo
fa un passo in là nella sua stima e nella convinzione.
Ma chi ha fatto il rifiuto non si pente. Se tornassero a chiederglielo
No direbbe ancora. Eppure ne viene stremato
da quel No - così giusto - per tutta la sua vita.Che fece ... il gran rifiuto
For some people the day comes
when they have to declare the great Yes
or the great No. It’s clear at once who has the Yes
ready within him; and saying it,
he goes from honor to honor, strong in his conviction.
He who refuses does not repent. Asked again,
he’d still say no. Yet that no—the right no—
drags him down all his life.Traduzione : Fivos Valachis ? Translation : Edmund Keeney and Philipp Sherrard En public, Sonia Theodoridou a interprété la musique d'Athanassios Simoglou :
Video : Theodoros Orfanidis
(direction d'orchestre Th. Orfanidis)Liens / Links
Biographie de l'auteur
Constantin Cavafy (wikipedia)Che fece per viltade il gran rifiuto : explication sur wikipedia (en italien)
Cavafis pourquoi par François Sommaripas (traductions en ligne de Cavafis)
Cavafis : poèmes en ligne (en grec), le même site en anglais
Le vestibule de l'Enfer dans La Divine Comédie
Quelques poèmes de Cavafis sur ce blog
Tags : Constantin Cavafis, il gran rifiuto, résistance, Καβάφης, Cavafis, Cavafy, poésie grecque, greek poetry, ελληνική ποίηση
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Commentaires
C'est toi qui vote ! Moi je ne sais pas... mais voici ce que je pense, vu d'ici.
Madame Merkel attend de se réjouir si les Grecs répondent "oui", et ils attendent tous avec impatience que Tsipras soit désapprouvé par le "oui". Ils pourront à nouveau être satisfaits d'eux-mêmes sans personne pour les remettre en question.
Sachant que tous ces gens n'ont pas été capables de trouver de compromis, cela prouve leur incompétence et une forme d'inexpérience due au fait qu'on ne s'est probablement jamais vraiment opposé à eux. Tsipras a au contraire fait beaucoup de concessions (comme le font les "adultes").
J'en veux d'ailleurs pour preuve de leur incompétence la réflexion de Madame Lagarde qui à deux reprises a insulté Tspiras en le traitant d'enfant. Insulte-t-on les gens avec qui on négocie quand on est sérieux ? Deux fois de suite en plus ? NON ! Elle perd complètement les pédales la pauvre et ne se rend même pas compte qu'elle avoue son incompétence en l'insultant !
Alors comment les Grecs peuvent-ils faire confiance à ces gens totalement inaptes ? Des gens qui doivent leur place aux crasses et aux relations de complaisance, à la collusion et non pas à leurs compétences ? Je crois qu'on a de vrais pieds nickelés habitués à faire leurs petites affaires sans personne pour les arrêter et qui font de vraies erreurs, et graves de surcroît.
Alors voter "oui" est dangereux pour la Grèce. Elle sera entre leurs mains.
Je parlais de la mine réjouie de Merkel & co, mais imagine la claque pour la démocratie totalement manipulée et étouffée par la peur ! Voter "oui" c'est voter pour la peur qui par définition n'est pas rationnelle.
Et puis ce sera dur pour le social en Europe. Mais l'Espagne est encore là, on peut compter sur eux. En France, c'est l'extrême droite, alors...
Le "non" c'est une victoire de plus pour Tsipras et pour les européens. Pas pour les banquiers créanciers.En terme économique, on sait que la Grèce aurait des soucis d'inflation en reprenant le drachme si elle sort de l'euro. Des problèmes pour acheter les importations, voire de survie pour les îles (qui vivent des importations de première nécessité). Mais finalement, on a tous connu après l'euro une forte baisse du pouvoir d'achat. Les prix avaient grimpé cachés par la valeur euro (sauf en Allemagne) mais pas les salaires.
Enfin, si elle sort de l'euro, la Grèce devra se tourner encore un peu plus vers la Russie qui est déjà un partenaire solide. Au fond, c'est la seule chose que craignent les États-Unis... qui font pression sur l'Europe pour garder la Grèce.Il y a d'autres arguments encore, je repasserai pour les ajouter...
Bonne nuit.
P.S. C'était génial Imam Baildi !
Quelques preuves supplémentaires de la gabegie de cette tribu d'incompétents, l'augmentation de la dette publique grecque "grâce" à la politique d'austérité.
Quelle entreprise garderait un dirigeant qui a de tels résultats ? Aucune ! Ces gens ont une chance inouïe d'être dans le secteur public, qu'ils démantèlent, en plus, mais à la fin de leur carrière. De toutes façons auraient-ils trouvé un emploi dans le privé après ça ?IL s'agit de chiffres sur la Grèce :
Un article expliquant la dette grecque et ses enjeux (France Culture, 30 juin 2015)
Le soutien à la Grèce de 300 économistes partout dans le monde
Un article de Libération (en 2014) : La purge de la Grèce en 4 graphiques
En même temps, l'incompétence ne suffit pas à expliquer ces échecs, l'article de France Culture explique que la dette grecque a fait gagner 2 milliards d'euros par an à ses créanciers en intérêts. Donc, c'est bien du vol par l'instauration de taux d'intérêt calculés avec un grand libre arbitre maquillé par des apparences de sérieux et un gros biais de départ : moins tu es riche plus tes taux d'intérêt à rembourser sont élevés.
4Gilles BenichouSamedi 4 Juillet 2015 à 17:38
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Alors , OUI ou NON ????????????