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Nikos Kavvadias : Thessalonique * Θεσσαλονίκη
Salonique
À Yòrgos Koumvakàlis
C'était cette nuit-là où soufflait le Vardar,
la proue gagnait sur le courant brasse par brasse,
le second t'a crié de sonder, mais ce soir,
c'est à la belle d'Aretsou que tu rêvasses.
Tu ne te souviens plus de ce chant du Chili :
Saint Nicolas, Santa Marina, faites grâce !...
Un aveugle te mène, un vrai Modigliani,
qu'aimaient notre midship et les deux gars de Thrace.
De l'eau dans le forepeak, de l'eau à fond de cale,
mais toi, un singulier vertige te conduit.
Ce stigmate secret te vient-il du Bengale
ou de la funambule à Sidney l'autre nuit ?
Sur ta couchette dort un serpent débonnaire,
la guenon tourne en rond et fouille tes tiroirs.
Qui se souvient de toi ? Personne, à part ta mère,
au long de ce voyage affreux et sans espoir.
Le soutier joue aux dés, le mataf au tarot,
fautif sans le savoir, l'autre boîte et vacille.
Souviens-toi du bazar étroit de Macao,
du pouss'pousse et des pleurs étouffés de la fille.
Salonique s'endort sous de rouges veilleuses.
Tu m'as dit, soûle, il y a dix ans : "J't'ai dans la peau".
Demain, comme autrefois, sans or sur ta vareuse,
tu chercheras en vain la route du Dépôt.Θεσσαλονίκη
Στο Γιώργο Κουμβακάλη
το κύμα η πλώρη εκέρδιζεν οργιά με την οργιά.
Σ' έστειλε ο πρώτος τα νερά να πας για να γραδάρεις,
μα εσύ θυμάσαι τη Σμαρώ και την Καλαμαριά.
Ξέχασες κείνο το σκοπό που λέγανε οι Χιλιάνοι
– Άγιε Νικόλα φύλαγε κι Αγιά Θαλασσινή. –
Τυφλό κορίτσι σ' οδηγάει, παιδί του Modigliani,
που τ' αγαπούσε ο δόκιμος κ' οι δυο Μαρμαρινοί.
Νερό καλάρει το fore peak, νερό και τα πανιόλα,
μα εσένα μια παράξενη ζαλάδα σε κινεί.
Με στάμπα που δε φαίνεται σε κέντησε η Σπανιόλα
ή το κορίτσι που χορεύει απάνω στο σκοινί :
Απάνου στο γιατάκι σου φίδι νωθρό κοιμάται
και φέρνει βόλτες ψάχνοντας τα ρούχα σου η μαϊμού.
Εχτός από τη μάνα σου κανείς δε σε θυμάται
σε τούτο το τρομαχτικό ταξίδι του χαμού.
Ο ναύτης ρίχνει τα χαρτιά κι ο θερμαστής το ζάρι
κι αυτός που φταίει και δε νογάει, παραπατάει λοξά.
Θυμήσου κείνο το στενό κινέζικο παζάρι
και το κορίτσι που 'κλαιγε πνιχτά μες στο ρικσά.
Κάτου από φώτα κόκκινα κοιμάται η Σαλονίκη.
Πριν δέκα χρόνια μεθυσμένη μου 'πες «σ' αγαπώ».
Αύριο, σαν τότε, και χωρίς χρυσάφι στο μανίκι,
μάταια θα ψάχνεις το στρατί που πάει για το Depot.In Brume (1947), traduction de Michel Volkovitch. Από τη συλλογή Πούσι (1947) Vassilis Papaconstantinou et Thanos Mikroutsikos chantent le poème (musique T. Mikroutsikos) en public :
et ici en 1985 (Live)Les tableaux présentés ici sont tous de Yannis Stavrou.
Bon réveillon * Καλά Χριστούγεννα
Tags : Nikos Kavvadias, poésie grecque contemporaine, greek contemporary poetry, σύγχρονη ελληνική ποίηση, greek poet, Mikroutsikos
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Commentaires
Ce qui est grave dans les traductions, ce sont les contre-sens. Entre "je t'aime" (s'agapo) et "j't'ai dans la peau", il n'y a pas de contre-sens. Il n'y a pas non plus de traduction littérale, soit, mais on peut imaginer les putes des marins le dire, et surtout, Michel Volkovitch s'est permis , librement ici, de reconstituer la musique en "apo".
Cette traduction ne peut donc pas me choquer, au contraire.
Merci pour votre commentaire et bonnes fêtes de fin d'année.4TotoJeudi 18 Avril 2013 à 09:41"σ' αγαπώ", ici traduit par "J't'ai dans la peau"... Voilà qui donnerait à gloser pendant bien longtemps sur le métier de traducteur, une autre fois. En attendant, bon Noël.
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Je trouve pafois la traduction du texte de Kavadias un peu bizarre ... Mais bon ! c'est peut-être que j'ai l'estomac trop lourd d'avoir trop mlangé ...