• Manos Loïzos, Mikis Theodorakis : deux chansons contre la dictature

    Manos Loïzos, Mikis Theodorakis : deux chansons contre la dictature

    Les combats des Grecs continuent, aujourd'hui, on fête les 40 ans de la manifestation étudiante contre la dictature de la Junte (1967-1974), qui s'est transformée en révolte populaire plus vaste. 

    Ce soulèvement a conduit quelques mois plus tard, en juillet, à la chute de la dictature des Colonels qui, en plein affaiblissement, ont fait l'erreur stratégique de soutenir un coup d’État à Chypre contre le Président Makarios: les Turcs sont intervenus le 20 juillet en installant leurs troupes dans le Nord de l'île (ils y sont toujours même avec l'instauration de la démocratie), entérinant ainsi la défaite des Colonels.

      Photo en tête d'article (internet) : Manos Loïzos (à gauche) et Mikis Théodorakis

    En Grèce, les musiciens sont à la fois des moteurs et des témoins de la Résistance et des soulèvements.
    Deux chansons "historiques" de deux des plus grands musiciens grecs sont présentées ici.

    Manos Loïzos est moins connu à l'étranger que Mikis Théodorakis, musicien autodidacte, il est mort jeune d'un cancer après avoir laissé une œuvre de référence pour les Grecs.

    Ο δρόμος (O dromos - La rue) est une chanson écrite dans les années 1960-62 qui fut censurée à cause de son contenu. La parolière, Kostoulas Mitropoulou, avait proposé une série de textes à Manos Loïzos pour qu'il les mette en musique. O dromos fut chantée la première fois dans les clubs de Kolonaki par Maria Farantouri accompagnée de Manos Loïzos à la guitare. Finalement, Loïzos réussit à éditer la chanson dans un 45 tours en 1964 chez Lyra avec une interprétation de Soula Birbili. La chanson a été mise à nouveau de côté sous les Colonels et reprise dès 1974 comme un symbole fort de la chanson engagée. C'est Manos Loïzos lui-même qui l'interprète dans la vidéo suivante :

     

     

    Ο δρόμος

    Ο δρόμος είχε τη δική του ιστορία
    κάποιος την έγραψε στον τοίχο με μπογιά
    ήταν μια λέξη μοναχά ελευθερία
    κ' έπειτα είπαν πως την έγραψαν παιδιά

    Κι ύστερα κίνησε ο καιρός κι η ιστορία
    πέρασε εύκολα απ’ τη μνήμη στην καρδιά
    ο τοίχος έγραφε « μοναδική ευκαιρία
    εντός πωλούνται πάσης φύσεως υλικά ! »

    Τις Κυριακές από νωρίς στα καφενεία
    κ'έπειτα γήπεδο στοιχήματα καυγάς
    ο δρόμος είχε τη δική του ιστορία
    είπανε όμως πως την έγραψαν παιδιά

     

    La rue

    La rue avait sa propre histoire
    quelqu'un l'écrivit à la peinture sur le mur
    d'un seul mot « Liberté »
    Puis ils dirent que des enfants l'avaient écrit.

    Puis le temps s'écoula et l'histoire
    passa facilement de la mémoire au cœur
    le mur parlait d'une « occasion unique
    à l'intérieur, à vendre matériaux en tout genre ! »

    Les dimanches matin dans les cafés
    puis foot, paris, bagarres
    la rue avait sa propre histoire
    mais il dirent que des enfants l'avaient écrite.

           

    Στίχοι: Κωστούλα Μητροπούλου
    Μουσική: Μάνος Λοΐζος

      Traduction personnelle (autres propositions
    bienvenues, voir commentaires).

     

    Το Γελαστό Παιδί (To gelasto paidi - Le garçon souriant) de Brendan Behan (paroles) et Mikis Théodorakis (musique).
    Ce « garçon souriant » est en fait Michael Collins, désigné de ce surnom par la mère du parolier Brendan Behan qui était une femme activiste politique proche de cet indépendantiste irlandais.
    Brendan Behan (1923- 1964), poète et dramaturge irlandais, a écrit The Laughing Boy (Le Garçon riant) à 13 ans. Le poème est à l'origine un hommage à celui qui mena la révolte pour l'indépendance de l'Irlande et fut assassiné. Brendan Behan l'incorpora en 1958 dans sa pièce « L'otage » («Ένας Όμηρος» en grec) traduite en grec par Vassilis Rotas. Mikis Théodorakis le mit en musique et la pièce fut jouée à Athènes en 1962. On retrouve cette chanson dans le film de Costa Gavras,
    « Z » (explications ici). Elle est devenue le symbole de la lutte des peuples contre l'oppression.
    Maria Farantouri interprète ici la chanson (avec au début des paroles adaptées à la situation grecque de l'époque puis en remplaçant "les ennemis" par "les fascistes") :

     


    Concert de 1974 fêtant la chute de la dictature
    Video : Pieter Hendriks

     

    Το Γελαστό Παιδί

    Ήταν πρωί του Αυγούστου κοντά στη ροδαυγή
    βγήκα να πάρω αέρα στην ανθισμένη γη
    βλέπω μια κόρη κλαίει σπαραχτικά θρηνεί
    σπάσε καρδιά μου εχάθη το γελαστό παιδί

    Είχεν αντρεία και θάρρος και αιώνια θα θρηνώ
    το πηδηχτό του βήμα το γέλιο το γλυκό
    ανάθεμα την ώρα κατάρα τη στιγμή
    σκοτώσαν οι εχθροί μας το γελαστό παιδί

    Μον’ να `ταν σκοτωμένο στου αρχηγού το πλάι
    και μόνον από βόλι Εγγλέζου να `χε πάει
    κι από απεργία πείνας μέσα στη φυλακή
    θα `ταν τιμή μου που `χασα το γελαστό παιδί

    Βασιλικιά μου αγάπη μ’ αγάπη θα στο λέω
    για το ό,τι έκανες αιώνια θα σε κλαίω
    γιατί όλους τους εχθρούς μας θα ξέκανες εσύ
    δόξα τιμή στ’ αξέχαστο γελαστό παιδί

     

    L'enfant souriant

    C'était un matin d'Août où rougeoie l'aube
    je sortis prendre l'air sur la terre fleurie
    je vis une fille pleurer à fendre l'âme
    Mon cœur se brisa, l'enfant souriant avait péri

    Il avait bravoure et courage et je pleurerai éternellement
    son pas sautillant, son rire, sa douceur
    maudite soit l'heure, l'instant fatal
    nos ennemis ont tué l'enfant souriant

    Si seulement il avait été tué à côté du chef
    et si seulement l'avait emporté un fusilier anglais
    ou une grève de la faim en prison
    J'aurais perdu avec dignité l'enfant souriant

    Mon précieux amour, avec amour je te le dirai toujours
    pour ce que tu as fait je te pleurerai éternellement
    parce que tu aurais anéanti tous nos ennemis
    gloire et honneur à l'inoubliable garçon souriant.

                                                                                  

    Στίχοι: Brendan Behan μετάφραση του Βασίλη Ρώτας
    Μουσική: Μίκης Θεοδωράκης

     

    Traduction personnelle (autres propositions
    bienvenues, voir commentaires).

     

    The Laughing Boy

    T'was on an August morning, all in the dawning hours,
    I went to take the warming air, all in the Mouth of Flowers,
    And there I saw a maiden, and mournful was her cry,
    'Ah what will mend my broken heart, I've lost my Laughing Boy.

    So strong, so wild and brave he was, I'll mourn his loss too sore,
    When thinking that I'll hear the laugh or spinging step no more.
    Ah, cure the times and sad the loss my heart to crucify,
    That an irish son with a rebel gun shot down my Laughing Boy.

    Oh had he died by Pearse's side or in the GPO,
    Killed by an English bullet from the rifle of the foe,
    Or forcibly fed with Ashe lay dead in the dungeons of Mountjoy,
    I'd have cried with pride for the way he died, my own dear Laughing Boy.

    My princely love, can ageless love do more than tell to you,
    Go raibh maith agat for all you tried to do,
    For all you did, and would have done, my enemies to destroy,
    I'll mourn your name and praise your fame, forever, my Laughing Boy.

    Brendan Behan

     

    Liens / Links

    "Z" ou "l'enfant souriant" (Blog Quimper-Lavrio)
    Paroles et musique de La rue (Kithara.to)
    Biographie en grec de Manos Loïzos
    Biographie de Manos Loïzos sur wikipedia
    Site de Mikis Théodorakis (en français)
    Histoire de la chanson To gelasto paidi (en grec)
    Histoire de la chanson To gelasto paidi (en français : site Quimper-Lavrio)
    Contexte de la chanson O Dromos (en grec)
    Une liste de 20 chansons en lien avec la révolte du 17 novembre 1973 (Polytechneio: l'Université)
    Ta tragoudia tis fotias : les chansons de feu, un film documantaire de Nikos Koundouros sur le concert après la chute de la Junte

     

     

    Loizos-et-Theodorakis.jpg

     

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